Des spécialistes ont conclu que l’utilisation de certains termes argotiques au sein d’un établissement pénitentiaire contribuait à l’aggravation du climat qui y régnait. Pour remédier à cette situation, le ministère de la Justice japonais a pris la décision de bannir ces mots de vocabulaire utilisés en prison.
Doit-on accorder plus de respect aux prisonniers ?
Un groupe d’experts au Japon vient de conclure, après une enquête sur les maltraitances subies par des détenus à la prison de Nagoya, que l’utilisation de l’argot en prison contribuait à la détérioration du climat dans l’établissement. Le ministère de la Justice japonais estime qu’il est temps de changer l’atmosphère dans les prisons du pays, réputées pour être très strictes.
Les autorités japonaises souhaitent désormais mettre l’accent sur la réhabilitation des prisonniers et mieux les préparer à leur réinsertion dans la société. Une des mesures prises consiste à bannir l’argot et le jargon utilisé par les surveillants pour parler des détenus. Ainsi, à partir du 1er avril 2024, une trentaine de termes sont désormais interdits en milieu carcéral.
En effet, en prison, un argot spécifique est utilisé, similaire à un dialecte. Par exemple, pour désigner une coupe de cheveux très courte, on utilise le terme « gari ». Pour la nourriture, on parle de « mosso », le bol en acier servant à mesurer une portion de riz. Les gardiens emploient également des termes dépréciatifs pour parler des détenus, tels que « yoeki » ou « yatsura », qualifiant grossièrement ces derniers de voyous ou de losers. En revanche, ils exigent souvent d’être appelés « sensei » par les prisonniers, un terme honorifique réservé aux professeurs.
Les gardiens et les détenus doivent se nommer « Monsieur »
Dans le cadre de la réforme, les surveillants et les détenus doivent maintenant utiliser un langage plus courant, similaire à celui utilisé en dehors de la prison. Ainsi, les gardiens doivent utiliser le suffixe « san » après le nom de famille du détenu, équivalent à « Monsieur ». Quant aux prisonniers, ils doivent désormais appeler les surveillants « Shokuin-san », soit « Monsieur l’officier ».
Ce changement de langage est censé améliorer la situation dans les prisons et favoriser la réinsertion des détenus, selon le ministère de la Justice. Cependant, des militants remettent en question l’efficacité de cette mesure, soulignant une certaine impunité des surveillants. Ceux qui ont commis des abus graves à Nagoya n’ont pas été réellement sanctionnés. Ces militants appellent à une réforme plus en profondeur de la politique pénale du pays, afin de cesser de placer systématiquement en détention des personnes condamnées pour de petits délits, souvent en difficulté pour se réinsérer ensuite dans la société.