Jean-Marie Le Pen, sa fille Marine Le Pen, la formation politique du RN ainsi que ses hauts responsables au cours de la décennie 2010, accusés d’avoir utilisé de manière illégale des fonds européens, seront amenés à comparaître en justice à compter du 30 septembre.
Marine Le Pen sera jugée cet automne pour une affaire de détournement de fonds publics. A partir du 30 septembre et pendant deux mois, elle devra répondre en justice d’accusations de détournements de près de 7 millions d’euros de fonds alloués par le Parlement européen entre 2009 et 2016. Ces fonds publics auraient servi à financer son parti politique. Le Parquet suspecte la cheffe de file de l’extrême droite française d’avoir mis en place un système frauduleux pour rémunérer les employés de son parti. Convoquée en tant que prévenue, Marine Le Pen, qui récuse ces accusations, sera en bonne compagnie lors de ce procès : les principaux acteurs du parti, ainsi que son père, Jean-Marie Le Pen (à condition que son état de santé le permette), et son ancien compagnon Louis Aliot, actuel maire de Perpignan, seront également présents. En tout, 27 personnes sont renvoyées pour ces faits de corruption massive.
Le RN abandonne son cheval de bataille anti-corruption
Marine Le Pen n’est pas la première dirigeante de parti à faire face à des accusations de cette nature. Ainsi, François Bayrou a été jugé récemment pour une affaire similaire, avec un préjudice total 25 fois inférieur (293 000 euros) et a été blanchi en première instance. Aujourd’hui, ce sont les agissements de la France Insoumise qui font l’objet d’une enquête. Ces scandales mettent en évidence le changement radical opéré par l’extrême droite. Autrefois, Jean-Marie Le Pen se faisait fort de sa probité avec le slogan « Tête haute, mains propres » et accusait ses adversaires d’appartenir à des « partis pourris ». A l’heure actuelle, le RN apparaît aussi corrompu que n’importe quel autre parti. Plus on observe la « dédiabolisation », plus on s’étonne de ses succès. Au fur et à mesure que les élus frontistes accèdent à des postes à responsabilités, ils accumulent les casseroles. Ce qui fait que le RN ne fait plus de la lutte contre la corruption sa pierre angulaire. Marine Le Pen se montre maintenant beaucoup moins sévère envers ses adversaires pris dans des scandales, comme François Fillon en 2017.
Pour le moment, ses électeurs ne semblent pas lui tenir rigueur de ces accusations. Cependant, Marine Le Pen pourrait craindre le verdict de ce procès de l’automne, une possible peine d’inéligibilité risquant de compromettre sa candidature à la présidentielle de 2027. Cela encourage déjà des spéculations au sein du RN à propos de son éventuel remplacement par Jordan Bardella, indemne de toute affaire judiciaire et libéré du fardeau du nom Le Pen.