Alors qu’il reste moins de trois mois avant les élections européennes de juin, c’est le RN qui domine les sondages d’intentions de vote. Néanmoins, son programme peut parfois être perçu comme complexe à comprendre.
Pour ce qui est de sa position face à l’Union Européenne, le parti Rassemblement National adopte une posture d’opposition et de soutien simultanés. Alors qu’il était autrefois favorable à une sortie de l’euro, ce qui, selon Marine Le Pen, empêchait sa proposition de programme à hauteur de 80%, ce parti d’extrême droite a modifié son approche face aux craintes des électeurs. Si l’Europe est critiquée en tant que contrainte et « prison », l’idée d’une fuite n’est plus envisagée. Il n’est plus question d’un Frexit, bien que la logique du programme, notamment la réaffirmation de la suprématie du droit français sur le droit communautaire, implique une sortie de la France de l’Union européenne.
L’incertitude et la contradiction
Jordan Bardella, le candidat du Rassemblement National aux élections européennes, lors de son passage sur « Demain l’Europe » sur 42mag.fr le 22 mars, a exprimé son désir de créer une « alliance européenne des Nations ». Sa vision d’une Europe à la carte permettrait à chaque pays de sélectionner uniquement ce qu’il préfère, ressemblant à une copropriété sans règlement. Mais la question de qui pourrait faire partie de cette « alliance » reste sans réponse. Les députés européens du Rassemblement National ne font pas partie du même groupe que ceux des deux seuls gouvernements nationalistes – l’Italie de Giorgia Meloni et la Hongrie de Viktor Orban. Leurs alliés au sein de cette chambre sont rares : la Ligue italienne, dont le leader Matteo Salvini a soutenu les élections russes, et l’AfD, parti d’extrême droite allemand, qui s’est récemment entretenu avec des leaders néo-nazis.
En conséquence, malgré cet environnement incertain, les sondages placent Jordan Bardella en tête de liste. Pour gagner, sa stratégie repose plus sur l’opposition à Macron que sur le projet européen du Rassemblement National ou les résultats de ses députés sortants. Il ne faut pas oublier que leurs votes sont souvent plus ambigus que leurs slogans de campagne. Par exemple, ils ont contesté le renforcement des ressources de Frontex pour surveiller les frontières avant de recruter son ancien dirigeant. Ils ont également résisté au Pacte Asile et Migration qui vise à contrôler de manière plus stricte l’arrivée de migrants. Et en matière d’agriculture, bien qu’il critique maintenant l’Europe, Bardella a soutenu la réforme de la Politique Agricole Commune. Cependant, le Rassemblement national a toujours opposé à l’approbation de soutien économique et militaire en Ukraine, comme s’ils craignaient de contrarier le Kremlin.