Depuis la ville de Marseille, où le gouvernement a récemment lancé l’opération « place nette XXL » dans le but de combattre le trafic de drogue, le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, a pris position envers les magistrats locaux qui avaient précédemment alerté sur le problème du narcotrafic qui sévit dans la cité phocéenne.
Les tensions persistent entre les magistrats et le ministre de la Justice après l’opération anti-drogue à Marseille
Alors que les relations semblaient s’améliorer entre les magistrats et leur ministre de tutelle, Éric Dupond-Moretti, l’opération anti-drogue nommée « place nette XXL » à Marseille a ravivé les tensions. En effet, l’Union syndicale des magistrats (USM) a vivement réagi aux propos du garde des Sceaux, qualifiés par certains de « mise au point » ou de « soufflante » cette semaine, face aux magistrats marseillais.
Le ministre n’a pas apprécié les déclarations de différents magistrats, notamment marseillais, devant la commission d’enquête du Sénat sur le narcotrafic le 5 mars dernier. Olivier Leurent, président du tribunal judiciaire de Marseille, a notamment souligné la vulnérabilité de l’État face à des trafiquants puissants. De son côté, Isabelle Couderc, vice-présidente du tribunal, a exprimé sa crainte quant à la perte de la lutte contre les trafiquants. Le procureur de Marseille, Nicolas Bessone, a évoqué une situation presque « mexicanisée » avec des incidents violents récents à la prison des Baumettes.
La réaction des magistrats suite à la prise de parole du ministre
Lors de sa visite à Marseille dans le cadre de l’opération « Place nette XXL », Éric Dupond-Moretti a recadré les magistrats marseillais lors d’un échange de 1h20. Certains témoins ont décrit sa colère comme étant manifeste. Ses propos, tels que « Par vos propos vous avez fait le jeu de l’extrême droite » ou « Que vais-je dire aux Français ? Qu’on a augmenté vos moyens de 60%, pour rien ? », ont été mal perçus par une partie des magistrats et de la profession.
L’USM a réagi en publiant un communiqué défendant la liberté de parole des magistrats, rappelant qu’ils étaient sous serment lors de leur audition devant la commission d’enquête et qu’ils ne pouvaient pas altérer la réalité de leur constat. Selon le syndicat, le ministre peut s’adresser ainsi aux procureurs placés sous son autorité, mais pas à un président du tribunal indépendant.
Les magistrats font entendre leur voix
Cécile Mamelin, vice-présidente de l’USM, a exprimé sa consternation face à la prise de parole du ministre, soulignant que les magistrats ne devraient pas être muselés dans le débat public. Elle a souligné que les magistrats partagent une réalité vécue sur le terrain, sans pour autant suivre la communication politique du ministre.
Selon la chancellerie, Éric Dupond-Moretti a agi en tant que garant du bon fonctionnement de la justice en mettant en garde contre un certain défaitisme. Son discours visait à rappeler les efforts budgétaires consentis pour la justice, notamment à Marseille. Entre 2017 et 2024, de nouveaux magistrats et greffiers ont été affectés au tribunal de Marseille pour renforcer ses effectifs.