Les nouveautés cinématographiques de la semaine présentées par Thierry Fiorile et Matteu Maestracci : le documentaire « Une famille » réalisé par Christine Angot et le film « Hors-saison » dirigé par Stéphane Brizé.
Le documentaire intitulé Une famille, est initialement l’œuvre de Christine Angot, conçue en été 2021. Durant sa tournée de promotion française pour son nouveau livre Le Voyage dans l’Est (édité par Flammarion), elle y aborde une nouvelle fois le traumatisme subi à l’adolescence, au cours duquel elle a été violée par son père.
Certaines parties de cet ouvrage, se déroulent à Mulhouse, Nancy et Strasbourg, la ville natale de son père. Toujours accompagnée de la réputée directrice de la photographie, Caroline Champetier, elle décide de se confronter à la veuve de son père en capturant leur face à face avec une caméra. Ce partage d’émotions, de dialogues dispute une brillante place dans le monde du cinéma, une réalisation riche en force et en originalité qui reflète le désir de Christine Angot de dénoncer l’hypocrisie, la peur et le mutisme.
Chacune des scènes de ce documentaire est émouvante et malaisante car même après tant d’années, ni sa tante ni sa propre mère ne semblent exprimer de l’empathie envers Christine Angot, ramenant plutôt toute l’attention sur elles. Loin d’être seulement triste ou déprimant, le film offre également une lueur d’espoir et de guérison à travers des discussions saisissantes entre l’auteure et son ancien mari Claude, ainsi que sa fille Léonore. Le mélange de tous ces sentiments véritables donne lieu à un excellent film.
De Stéphane Brizé : La Saison creuse
Le réalisateur Stéphane Brizé, connu pour ses trois films réalisés avec Vincent Lindon aux forts accents sociaux et politiques, et entre lesquels s’intercale Une vie, adapté de Maupassant, nous emmène en Bretagne cette fois-ci. On y suit Guillaume Canet, jouant un acteur, qui s’offre des vacances luxueuses dans une station thalasso pour récupérer d’avoir abandonné une pièce de théâtre.
Une image de Guillaume Canet en peignoir et pantoufles, dépressif, pourrait paraître peu prometteuse puisqu’on l’a déjà aperçu dans ces traits dans d’autres films. Cependant, au détour de cette aventure, son personnage un peu gâté et agaçant retrouve une ancienne flamme, une magnifique actrice italienne, Alba Rohrwacher, venue se perdre sur les bords de l’océan.
Il y a une quinzaine d’années, alors qu’il commençait à connaître du succès, il l’avait mise à la porte de façon assez indélicate. Il était comparé à une vieille paire de pantoufles de thalasso. Un rappel qui lui permet de s’excuser, enfin. Ces retrouvailles, touchantes et bien filmées, sont principalement réussies grâce à Alba Rohrwacher, bouleversante en femme qui, malgré ses blessures, pourrait encore se permettre de se brûler aux flammes de la passion.
Alba Rohrwacher, souvent apparue dans les films de sa sœur Alice, mais pas seulement, fait preuve d’une grande finesse dans son jeu. On ne pourrait pas en dire autant de Guillaume Canet, surtout lorsqu’il incarne son propre rôle de personne dépressive.