La question du soutien français envers l’Ukraine fera l’objet d’une discussion mardi à l’Assemblée nationale et l’atmosphère promet d’être tendue. C’est d’ailleurs ce qu’a prévu Emmanuel Macron en déclenchant ce débat. Au palais de l’Élysée, le souhait exprimé est que les « masques soient levés ».
La session programmée à l’Assemblée le 12 mars va se focaliser sur l’appui de la France à l’Ukraine, et devrait aider à distinguer les positions des différents partis politiques français. L’objectif de ce vote, qui a un caractère indicatif, est de clarifier la position de chaque camp : d’un côté, les partis soutenant la résistance ukrainienne, et de l’autre, ceux considérés comme pro-russes. Ce vote découlera d’un débat qui tiendra compte de l’accord de sécurité bilatéral signé par les Présidents Macron et Zelensky. L’objectif du gouvernement est de faire du conflit en Ukraine un enjeu de politique intérieure. Les partis d’opposition ne peuvent qu’accepter ce débat : ils ne sont pas en position de reprocher au gouvernement de leur donner la possibilité de s’exprimer à l’Assemblée et de participer à un vote. Le Premier ministre, Gabriel Attal, lancera les discussions aux alentours de 16h30, puis les groupes politiques s’exprimeront, avant un vote non contraignant vers 20 heures.
Entre soutien à la guerre et revendication de la paix
Il est probable que la position adoptée par la France, sous la direction d’Emmanuel Macron, ne sera pas soutenue unanimement: le Rassemblement national et la France Insoumise se situent dans la balance entre l’abstention et le vote contre. Ces partis utilisent des arguments similaires : les députés d’extrême droite et de gauche radicale vont probablement critiquer l’attitude belliqueuse qu’ils attribuent à Emmanuel Macron. Ils pointeront notamment un risque d’envoi de troupes françaises sur le terrain, une possibilité qui n’a pas été mentionnée par le président et qui n’est pas prévu dans l’accord bilatéral entre la France et l’Ukraine.
Pour appuyer leurs objections, les leaders du Rassemblement National et de la France Insoumise ont souligné ce week-end deux « lignes rouges » : selon eux, la France devrait s’opposer à une future adhésion de l’Ukraine à l’UE ou à l’OTAN, une position qui rejoint celle de Moscou. Manuel Bompard, coordinateur des Insoumis, va même plus loin en préconisant que les pays occidentaux fournissent des « garanties de sécurité » à la Russie, comme si c’était l’Ukraine qui était l’agresseur.
Ces opposants se rassemblent sous la bannière du « camp de la paix », utilisant presque le même vocabulaire. Le RN et LFI appellent à une grande « conférence pour la paix » qui regrouperait tous les belligérants. Cela signifierait en réalité de reconnaître la partition de l’Ukraine, dont une grande partie est actuellement occupée par les forces de Poutine. Ces positions sont cohérentes avec celles qu’ils ont prises dans le passé. Jean-Luc Mélenchon continue d’affirmer que « la Crimée est russe » et Marine Le Pen a reconnu l’annexion de la Crimée par Poutine, en contradiction avec la position de la communauté internationale.