Les autorités françaises ont imposé en 2023 des restrictions excessives et illégitimes au droit des citoyens de manifester, a déclaré l'association de défense des droits Amnesty International dans un rapport publié mercredi.
Il a en particulier souligné la répression des manifestations qui a donné lieu à des arrestations et au recours à la force lors de rassemblements contre des questions telles que la réforme impopulaire des retraites du gouvernement, les projets de construction de « méga-bassins » de réservoirs d'eau dans les zones rurales de France et la guerre à Gaza.
Le rapport annuel 2023 d'Amnesty accuse le gouvernement de racisme et de discrimination systémiques, ainsi que d'étouffement des libertés civiles.
« Les autorités françaises ont imposé à plusieurs reprises des restrictions excessives, disproportionnées et illégitimes au droit de manifester », indique le rapport.
« En octobre, le ministre de l'Intérieur a adressé un message aux préfets de police leur demandant d'interdire toute manifestation organisée en solidarité avec la Palestine, qui constituait une atteinte disproportionnée et discriminatoire au droit de réunion pacifique », indique le rapport.
'Le profilage racial'
Les restrictions imposées aux manifestations, ajoute-t-il, s'accompagnent d'un profilage racial et d'une discrimination persistantes à l'encontre des minorités religieuses.
Les femmes musulmanes et les individus perçus comme noirs ou arabes ont été identifiés comme des cibles particulières.
Amnesty a dénoncé ce qu'elle considère comme des tactiques policières agressives, notamment la confiscation arbitraire du matériel de protestation et la dispersion des rassemblements par le recours à la force, y compris des charges aveugles à la matraque.
Le gouvernement, ajoute-t-il, n’a pas réussi à lutter contre le racisme au sein des forces de l’ordre.
« Les autorités françaises n'ont pas reconnu le caractère systémique du profilage racial, de la discrimination contre les minorités religieuses et du recours excessif à la force lors des manifestations », a déclaré Nathalie Godard, directrice d'action à Amnesty France.
Le rapport soulève également des inquiétudes quant à l'érosion des libertés civiles, citant l'introduction d'une surveillance basée sur l'IA et des lois vagues sur la propagande terroriste, qui, selon lui, risquaient de porter atteinte à la liberté d'expression.