Le mardi, la Chine a révélé une augmentation de 5,3% pour son premier quart de l’année, dépassant ainsi les projections initiales. Quels sont les facteurs sous-jacents de cette réussite, et quelle est la perspective de l’Allemagne, dont la Chine est le principal associé commercial ? Des explications sont apportées par nos envoyés spéciaux.
Selon le Bureau national des statistiques de la Chine, la croissance du pays a progressé de 5,3% durant le premier trimestre. Annoncée le 16 avril, cette augmentation dépasse les attentes des analystes. Bien que cette croissance soit conforme à l’objectif de 5% fixé pour l’année 2024 par le gouvernement chinois, le monde entier reste attentif à ses possibles conséquences. En particulier, l’Europe et les États-Unis s’inquiètent de devoir éponger l’excès de production chinoise au détriment du prix.
L’Allemagne, dont les liens économiques avec la Chine sont très forts, oscille entre la peur d’une compétition déloyale et la dépendance envers le gigantesque marché chinois pour son secteur industriel.
Une vague de production après l’époque difficile du Covid
En mars 2024, une trentaine d’économistes interrogés par Nikkei Asia prévoyaient une croissance de 4,5%. Ainsi, une croissance de 5,3% au premier trimestre est en apparence une excellente nouvelle pour la Chine. Cependant, ce chiffre doit être relativisé en raison des obstacles rencontrés en 2023, notamment en janvier et février. À cette époque, la Chine émergeait tout juste des conséquences désastreuses de la pandémie de Covid sur son économie.
Cependant, cette embellie est à tempérer, car elle est principalement le résultat de l’activité industrielle, stimulée par les investissements publics, contrairement à la consommation intérieure qui stagne autour de 3%. Les consommateurs chinois restent prudents, voire pessimistes, et n’ont pas encore retrouvé leur envie de consommer. La question qui se pose est donc celle de la vente de cette surproduction. Et malgré la taille du marché chinois, celui-ci n’est plus à même de consommer toute la production du pays.
La consommation intérieure ne suit pas le rythme et les exportations sont vendues à bas prix
Par conséquent, les produits chinois cherchent à trouver des débouchés à l’étranger, quitte à réduire les prix. Alicia Garcia Herrero, économiste en chef pour l’Asie-Pacifique à la banque Natixis, souligne que les exportations ont augmenté en volume, mais non en valeur. Autrement dit, les prix des exportations chinoises chutent drastiquement.
Face à cette situation, la Chine a urgemment besoin de relancer sa consommation intérieure. Le gouvernement a mis en place de nouvelles mesures fiscales pour stimuler cette demande. Les sociétés sont encouragées à moderniser leurs outils de production. Parallèlement, les ménages sont incités à consommer plus, par exemple en achetant de nouveaux véhicules ou des appareils électroménagers.
Enjeu pour l’Allemagne et son industrie en difficulté
La Chine est le principal partenaire commercial de l’Allemagne, avec un volume d’échanges de 253 milliards d’euros en 2023. Mais face à ce boom des exportations chinoises, le Chancelier allemand Olaf Scholz semble oublier la « stratégie de minimisation du risque » visant à réduire la dépendance vis-à-vis de la Chine, pourtant mise en place lors de sa récente visite d’État de trois jours en Chine.
Lors de cette visite, la délégation allemande a plutôt fait profil bas face aux accusations de l’Union européenne concernant les freins imposés par la Chine à la libre concurrence. L’Allemagne elle-même ne prône pas le protectionnisme en Europe. Par exemple, la Commission européenne envisage d’imposer des droits de douane sur les importations de batteries fabriquées en Chine.
Olaf Scholz semble mettre de côté la stratégie « de réduction du risque », en incitant les entreprises allemandes à diminuer leur dépendance vis-à-vis de la Chine. L’État s’engage également à favoriser la production de produits stratégiques sur le territoire européen et bloque parfois les tentatives de prise de contrôle d’entreprises importantes par des investisseurs chinois.
Cette stratégie n’a guère été évoquée lors de la visite d’Olaf Scholz en Chine.