Une nouvelle opération contre l'insécurité, l'immigration clandestine et l'insalubrité a été lancée mardi dans le département français d'outre-mer de Mayotte – un an après le début de la première intervention, Wuambushu.
Quelque 1 700 gendarmes, policiers et militaires seront déployés dans le cadre de l'opération de nettoyage baptisée « Mayotte Place Nette », qui durera 11 semaines.
Elle fait suite à l'opération Wuambushu (« Reprendre » en mahorais) menée l'année dernière, visant à réprimer l'immigration clandestine, la délinquance et à détruire les bidonvilles.
La ministre de l'Outre-mer, Marie Guévenoux, a déclaré à la télévision France 2 que deux opérations impliquant 400 policiers et gendarmes ont débuté tôt mardi matin en deux endroits différents de l'île.
Elle a précisé qu'une centaine de renforts « spécialisés » – notamment des agents de la police des frontières et des officiers de police judiciaire – assisteraient à l'opération.
« Il faut montrer que Mayotte est la république (française). C'est le premier message », a déclaré Guévenoux.
Activité des gangs
Connu comme le 101e département français, Mayotte est aussi le plus pauvre et a connu des mois de troubles liés aux activités des gangs malgré la présence régulière de 1 600 gendarmes et policiers.
Selon l'Insee, 77 pour cent des 310 000 habitants vivent dans la pauvreté. C'est cinq fois la moyenne nationale.
L’archipel de l’océan Indien est également confronté aux conséquences de sa pire sécheresse depuis 1997, exacerbée par le manque d’infrastructures et d’investissements.
Selon le ministère des Outre-mer, la police entend arrêter 60 chefs de gangs au cours de l'opération et détruire environ 1 300 personnes. bangasou des abris de fortune insalubres dans lesquels vivent de nombreux migrants sans papiers.
Le gouvernement estime qu'environ 30 pour cent des logements sont considérés comme insalubres.
Le ministère a indiqué que 5 millions d'euros ont été réservés à l'hébergement d'urgence des migrants arrêtés dans le cadre de l'opération, tandis que ceux vivant illégalement seront expulsés.
Critiqué pour ses résultats médiocres après le début de Wuambushu, le gouvernement central veut montrer qu'il ne lâche pas l'affaire.
Signal clair
En février, François-Xavier Bieuville a été nommé nouveau préfet de police pour superviser Mayotte Place Nette.
« Depuis un mois, nous faisons un travail de préparation avec les acteurs qui ont vécu le Wuambushu », a-t-il déclaré à l'AFP.
« Nous en avons tiré des leçons. Nous avons fait appel à des équipes de France métropolitaine pour renforcer nos actions. »
Guévenoux a également indiqué que le projet controversé de mettre fin à l'accès à la citoyenneté de naissance à Mayotte était toujours sur la table.
Une fois la réforme entrée en vigueur, seuls les enfants nés de parents français à Mayotte auront droit à la nationalité française.
Ce changement, confirmé par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin lors d'une visite en février, s'inscrit dans le cadre des efforts visant à endiguer la migration en provenance des îles voisines des Comores, dans un contexte de tensions croissantes entre locaux et immigrants.
« Nous avons besoin d'un signal très clair et très ferme envoyé aux pays de la zone », a-t-elle déclaré.