Chaque jour, Élodie Suigo accueille une célébrité dans son univers. Le mardi 9 avril 2024, c’est l’acteur Pablo Pauly qui est à l’honneur. Il joue dans le nouveau film d’Olivier Ducray et Wilfried Méance intitulé « Et plus si affinités ». Il partage l’écran avec les acteurs Isabelle Carré, Bernard Campan et Julia Faure.
Pablo Pauly, cet acteur emblématique qui s’est démarqué par son rôle d’un jeune homme tétraplégique en phase de rééducation dans le film Patients réalisé par Grand Corps Malade, a été nominé pour les Césars 2018 dans la catégorie meilleur espoir masculin. Son talent a été remarqué bien avant, lorsqu’il a joué dans la série Lascars sur Canal+ en 2011. Actuellement, il joue dans le film intitulé Et plus si affinités réalisé par Olivier Ducray et Wilfried Meance, qui raconte l’histoire de deux couples distincts. D’un côté, il y a Xavier et Sophie, interprétés par Isabelle Carré et Bernard Campan qui partagent? une vie marquée par 25 ans de routine quotidienne. De l’autre côté, il y a Adèle et Alban, joués par Julia Faure et Pablo Pauly. Ce couple jeune et dynamique est caractérisé par des moments intimes réguliers et bruyants, ce qui crée une certaine gêne pour Xavier et Sophie, leurs voisins d’en bas. Il semble qu’Alban n’hésite pas à leur faire une proposition insolite et audacieuse.
franceinfo : Le film Et plus si affinités semble mettre l’accent sur l’évolution du couple à travers le temps, non ?
Pablo Pauly : Oui, absolument. Bien que l’aspect échangiste ajoute une touche humoristique, le film traite principalement de l’érosion de la relation au fil du temps. Prenez l’exemple de Xavier et Sophie, après 25 ans de vie commune, il est difficile de se réinventer. Nous, d’autre part, nous sommes dans la fleur de l’âge mais nous aussi, nous nous fatiguons. Notre histoire a peut-être progressé trop rapidement et trop loin. Dans Et plus si affinités, il est question de la dégradation de la relation due à un manque de communication.
Il est évident que vous prenez un malin plaisir à jouer tous vos rôles, mais celui-ci semble être particulièrement marquant. Vous avez toujours été aussi éloquents ?
Tout à fait. Ma famille a toujours été un endroit où le dialogue est rapide et le sujet de conversation change tout le temps. Parler rapidement et trouver du plaisir dans les mots est devenu essentiel pour moi, c’est ma façon de survivre.
Votre parcours ressemble étrangement à un conte de fées. Vous étiez assez désinvolte lors de votre scolarité, ce qui n’était pas vraiment optimal. Mais votre père vous a rapidement poussé à quitter l’école. Votre sens de l’humour a été votre guide vers le monde du théâtre. Vous avez très tôt réalisé que l’humour était partie intégrante de votre vie, n’est-ce pas ?
Oui, j’ai vite compris que l’humour serait mon allié, et que c’était mon moyen de me cacher.
« J’étais assez médiocre à l’école, mais cela passait parce que je faisais rire les autres. Et même si ce n’était pas toujours permis et que je me faisais souvent gronder chez moi, comme j’étais drôle, ça passait. »
Pablo Paulyà franceinfo
Au théâtre, il est encouragé d’être drôle, d’être un peu différent. C’est vers 16-17 ans que j’ai compris que c’était ça ma voie, que j’allais être accepté tel que je suis. Au début, ça fait un peu peur de réaliser : « Je n’ai que mon humour pour me défendre, je n’ai pas d’études, pas de diplôme, rien du tout, ce n’est pas extraordinaire« . Aujourd’hui pourtant, je m’en accommode plutôt bien.
Il semblerait que vous ayez un jour manqué de moyens pour payer vos cours. Une de vos professeures a cru en vous et a payé vos cours. Vous avez alors passé le concours de la classe libre des cours Florent. Vous avez mis du temps à avoir confiance en vous.
Oui, je doute encore souvent de moi-même aujourd’hui. De plus, ce n’était pas vraiment vrai que je n’avais plus les moyens. J’étais serveur et je mène ma vie de jeune acteur. J’étais serveur dans un café et je finançais mes cours. Les choses devenaient sérieuses et je me suis demandé : Dois-je vraiment m’engager dans cette voie et faire de l’acting ma carrière ? Mon manque de confiance en moi m’a poussé à abandonner, j’ai donc expliqué à cette merveilleuse femme en lui disant de façon légèrement mensongère : je n’ai plus d’argent. Elle m’a retourné une réponse catégorique : « Tu ne vas pas arrêter« . Elle a payé deux mois de mes cours et m’a dit : « Dans deux mois, il y a un concours et si tu le réussis, tu ne payeras plus rien« . Je me suis senti très mal de lui avoir menti, mais finalement c’était une bonne chose car cela m’a poussé à réussir. A partir de là, je n’avais plus d’autre choix que de réussir pour honorer sa générosité.
Vous mentionnez que pendant très longtemps vous vous êtes senti seul et que le cinéma a été d’une grande aide pour vous.
Oui, lorsque j’étais jeune, j’avais des difficultés à m’exprimer, à me confier, en particulier à mes parents. J’étais un enfant assez difficile, en fait. J’étais très turbulent. A ce moment-là, je sentais plus qu’on me réprimandait plutôt que de me soutenir.
« Grâce au cinéma, j’étais jamais seul. Les personnes à la télé étaient comme mes amis. C’étaient toutes les femmes dont je rêvais. C’étaient les parents dont je rêvais. Je façonnais ma vie à travers les films. »
Pablo Paulyà franceinfo
Vous semblez toujours avoir gardé votre âme d’enfant. C’est ce que l’on découvre à travers les différents rôles que vous avez joués et que vous avez toujours interprétés avec une certaine curiosité. Est-ce cela qui importe le plus ?
Absolument. Il est essentiel d’être stimulé. Si vous ne faites que ce que vous savez déjà faire, cela n’a aucune raison d’être. Bien sûr, nous avons tous des souvenirs, des films, des chansons, des œuvres d’art que nous regarderons et écouterons à vie. Mais voir ce qui peut arriver demain, c’est sacrément intéressant. Humainement parlant, je pense que la curiosité est indispensable. Nous avons accès à tout, donc allons-y, partons à la découverte !
Enfin, depuis que vous avez découvert Amadeus, ce film emblématique de Miloš Forman mettant en scène un Mozart indomptable, jusqu’à Et plus si affinités, qu’est-ce qui a le moins et le plus changé ?
Mes engagements et la façon dont je prends les choses au sérieux ont beaucoup évolué. J’ai perdu cette insouciance que j’avais en enfant : « Je m’en sortirai toujours, et même si je me fais gronder, ce n’est pas si grave, ça passe toujours« . C’est une chose qui a vraiment changé. Cependant, ce qui n’a pas changé, c’est mon innocence face à la vie, mon incapacité à tout comprendre. C’est une bonne chose. Cette innocence est une belle chose si elle est au service de la curiosité. L’innocence est une belle chose. Se laisser traverser par les choses, aller voir ailleurs, être curieux, tout cela est bon.