Alors que l’intelligence artificielle prend de plus en plus d’ampleur, le monde des arts créatifs ressent une certaine tension. Des acteurs de doublages vocaux expriment leur inquiétude via les plateformes numériques. Leur combat est mis en lumière grâce à une présentation organisée dans l’Aveyron.
Imaginez un futur où les œuvres nées de notre imagination se voient surpassées par l’intelligence artificielle (IA), que nous avons nous-mêmes mise au monde. En France, cela se traduit par la manipulation de plus en plus fréquente de l’image et la voix de figures publiques par des programmes d’IA. Les organisateurs de l’exhibition Culture 2.0, ne touche pas à ma créativité, actuellement visible à la MJC de Millau, dans l’Aveyron, jusqu’au 20 avril, en témoignent.
Les acteurs de doublage, en particulier, font part de leurs inquiétudes face à l’IA avec le hashtag Touche pas ma VF. Ils craignent que leur profession soit progressivement remplacée par des voix créées par ordinateur. Le mouvement s’est fait connaître sur les réseaux sociaux grâce à Brigitte Lecordier, qui a donné l’impulsion.
Vous avez sûrement passé votre enfance à écouter sa voix sans même connaître son visage, au travers de personnages de dessins animés comme Oui-Oui, Goku ou Nicolas dans Bonne nuit les petits.
Elle prête aujourd’hui sa voix au débat sur les défis que pose l’IA à la culture. Pour elle, la créativité humaine et l’authenticité artistique sont menacées.
Vincent Fraisse, animateur à la MJC de Millau, s’est inspiré de ce combat. Il utilise l’IA pour réinventer des affiches de films célèbres. Son objectif est de questionner un futur potentiel dans lequel l’IA devient une force prédominante, capable de nous surpasser.
Son exposition, intitulée Culture 2.0, ne touche pas à ma créativité, apparaît comme un acte de résistance. Un cri de ralliement pour la sauvegarde de la créativité humaine en réponse à la percée des technologies.
Afin d’accomplir son projet, il utilise une application gratuite nommée IA Copilote. Il a ainsi créé une réplique de l’affiche du film Tomb Raider en se basant sur une simple description. « -J’ai créé un personnage qui rappelle l’affiche, sans mentionner aucun nom particulier », raconte-il, un brin admiratif.
Engagé malgré ses aspects bluffants, on constate toutefois des imperfections. Sur cette imitation de l’affiche du film Bridget Jones, un détail est étrange. « Ici, elle a trois jambes », observe Vincent Fraisse, pointant du doigt les limites de cette technologie.
Face à cela, les visiteurs se questionnent sur le futur de cette union entre l’IA et l’art : « C’est impressionnant, mais également assez effrayant. Jusqu’où cela peut-il aller ? » C’est ce questionnement qui fait toute la pertinence de cet événement. Un signal d’alerte pour un monde de la culture en pleine métamorphose.
La MJC de Millau accueillera cette exposition jusqu’au 20 avril, au sein du Hall Créa. Vincent Fraisse sera présent toute l’année pour animer l’atelier Culture 2.0, qui propose un cycle événements en lien avec le numérique et le virtuel.