Chaque jour, Élodie Suigo accueille une célébrité dans son univers. Pour ce mardi 23 avril 2024, il s’agit du célèbre réalisateur Jean-Marie Poiré. Il a récemment sorti son autobiographie intitulée « Rire est une fête », sous-titrée « Mémoires cash d’un réalisateur culte », publiée chez Michel Lafon.
Jean-Marie Poiré, une icône du cinéma d’humour français, publie son autobiographie
Connaissez-vous Jean-Marie Poiré? Il a marqué des générations entières avec son cinéma humoristique unique qui comprend des classiques tels que Le Père Noël est une ordure (1982), Papy fait de la résistance (1983), ainsi qu’ L’Opération Corned-Beef (1991), Les Visiteurs (1993) et Les Anges gardiens (1995). Grâce à sa collaboration avec Christian Clavier et Josiane Balasko, il a su conquérir le cœur du public français. Aujourd’hui, mardi 23 avril, il partage son expérience et son histoire dans sa nouvelle autobiographie intitulée Rire est une fête, publiée par Michel Lafon.
franceinfo : Rire est une fête, votre autobiographie de 420 pages commence par le dicton : « Riez de tout ou vous finirez par ne plus rire de rien« . Le rire est-il le thème central de votre vie ?
Jean-Marie Poiré : Absolument, et la jovialité aussi. J’ai toujours aspiré au bonheur, qui va au-delà du simple rire… Bien que j’adore rire et surtout avoir des crises de rire. Je trouve que ces moments nous permettent de repousser la douleur de la vie, la crainte de la mort.
« Le rire est un antidote doux, inoffensif et s’il est addictif, tant mieux ! »
Jean-Marie Poiréà franceinfo
La mort vous terrifie-t-elle ?
Oui, absolument ! Ce n’est pas en soi la mort qui fait peur, mais plutôt l’idée de mourir. J’aborde principalement le thème de la mort à travers la figure de ma mère dans mon livre car, à sa mort, j’ai dû prononcer un discours. Malgré la tristesse générale, j’ai réussi à faire rire l’assemblée en racontant des anecdotes cocasses sur elle. C’était une journée très attristante, mais j’ai trouvé que cet éclat de rire a aidé tout le monde à éloigner la tristesse. Je suppose qu’aucun humoriste n’est à l’abri de l’angoisse.
Et votre père, un important producteur de Gaumont qui a réalisé au total 310 films dont Les Tontons flingueurs de 1963, quel patrimoine vous a-t-il légué ?
Il a produit 310 films qui ont attiré plus de 500 millions de spectateurs. Il était sans doute un des producteurs les plus géniaux de son époque. Il m’a légué son sens de l’humour, mais notre relation professionnelle était assez tendue. J’ai travaillé beaucoup pour lui et il m’a souvent critiqué durement. Il était tyrannique, ce qui me contrariait sérieusement. Un jour, il m’a reproché mon refus de réaliser un autre film avec lui. J’ai répliqué en m’expliquant que c’était sa personnalité qui me crispait, encore plus parce qu’il était mon père. Cependant, au niveau personnel, nous étions très proches et il n’invitait que des personnes brillantes chez lui. Si vous l’ennuyiez, il ne vous reverrait plus jamais.
Les difficultés que vous avez rencontrées lors de la réalisation de Les Visiteurs constituent l’ouverture de votre livre. Vous mentionnez particulièrement le scepticisme initial des producteurs qui doutaient de la pertinence d’un film se déroulant au Moyen Âge, et l’incompréhension de Valérie Lemercier qui a réalisé plus tard ce que vous attendiez d’elle et a demandé à refaire les voix.
Mon manque d’habileté a probablement contribué à la situation. Pourtant, une fois le film monté et les doublages effectués, Valérie a commencé à apprécier le produit final. C’est à ce moment-là qu’elle a admis : « Je n’ai pas compris cela au début« . Puis, elle a demandé à refaire tout le travail vocal car elle trouvait sa prestation initiale médiocre. J’ai réfléchi à la situation et j’ai fini par accepter, en tant que producteur, de financer le re-doublage. La situation s’est améliorée par la suite car Valérie s’est vraiment investie dans son travail, ce qui n’était pas le cas auparavant.
Mais tout n’était pas rose avec Christian Clavier. Valérie a refusé de participer à la suite du film à cause de lui, ce qui vous a beaucoup affecté.
Effectivement, Valérie a mentionné récemment que je pouvais être insupportable moi aussi. Je ne suis pas d’accord avec elle, car j’avais beaucoup d’affection pour elle et nous avons partagé des moments de pur bonheur.
En conclusion, avez-vous l’impression d’avoir réussi votre vie?
« Ma vie a été fantastique, pleine d’amis et de fous rires. J’ai énormément ri. »
Jean-Marie Poiréà franceinfo
Je me considère chanceux d’avoir su accepter les bonnes opportunités qui se sont présentées car je ne savais pas vraiment quoi faire de ma vie. A chaque fois qu’une occasion amusante se présente, j’accepte. Si demain on me propose de devenir explorateur, j’accepterai sans hésitation. Certains de mes films ont réussi, je ne vais pas être faux modeste, mais ma vie a été merveilleuse, remplie d’amis et de rire. J’ai beaucoup, beaucoup, beaucoup ri.