L'avenir du système électoral de la Nouvelle-Calédonie est en débat alors que le Sénat français examine une réforme constitutionnelle qui élargirait la liste des électeurs éligibles avant les élections provinciales dans le territoire français d'outre-mer.
À quelque 17 000 kilomètres de Nouméa, la capitale de la Nouvelle-Calédonie, les sénateurs français ont apporté la semaine dernière diverses modifications aux réformes proposées par le gouvernement concernant le système électoral du territoire et devraient les adopter lors d'un vote formel le 2 avril.
Les élections – prévues d'ici la mi-décembre – sont cruciales pour la Nouvelle-Calédonie, où les provinces régionales détiennent une grande partie des pouvoirs du territoire.
Les propositions du gouvernement national visant à élargir les listes électorales pour les élections provinciales se sont révélées jusqu'à présent un point de friction dans les discussions sur le futur statut de l'archipel.
Actuellement réservées à certaines personnes résidant sur les îles depuis avant 1998 ainsi qu'à leurs descendants, les prochaines élections seraient ouvertes aux personnes résidant au moins dix ans en Nouvelle-Calédonie.
Ce changement, qui nécessite un amendement à la Constitution française, pourrait permettre à 11 000 personnes supplémentaires de voter.
Impasse
Le fait que les listes électorales soient gelées depuis plus de 25 ans signifie que près d’un électeur sur cinq a été exclu des élections, ce qui risquerait de rendre le prochain scrutin inconstitutionnel.
Selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui a beaucoup voyagé dans la région, les habitants doivent « corriger une distorsion qui n'est pas conforme à l'exercice du droit de vote sur un territoire de la République ».
Mais le sénateur indépendantiste Robert Xowie, qui a dénoncé à plusieurs reprises ce qu'il qualifie d'approche « meurtrière » et « colonialiste » du territoire, a déclaré : « Ce projet de loi confirme l'adage 'diviser pour régner' ».
Le Front de libération nationale socialiste kanak (Flinks), une coalition de mouvements indépendantistes, s'oppose aux réformes électorales et a exigé la semaine dernière leur « retrait définitif ».
Cependant, une motion de rejet du projet de loi déposée mardi par le groupe Flinks au Sénat français a été rejetée à une écrasante majorité.
Alors que les négociations entre loyalistes et indépendantistes sont dans l'impasse, les partis indépendantistes appellent également à une médiation « pour garantir l'impartialité de l'Etat et favoriser la reprise des discussions » sur l'avenir institutionnel de l'archipel.
Pendant ce temps, les protestations contre une réforme fiscale contestée se poursuivent, les dépôts de carburant restent bloqués et un plan de relance pour l'industrie du nickel frappée par la crise peine à démarrer.
'Impartial'
Lors du débat sénatorial de la semaine dernière, plusieurs sénateurs ont souligné l'importance pour le Parlement de rester « impartial ».
Un certain nombre d'amendements de la Chambre visaient à faciliter le dialogue, notamment en prolongeant la période de suspension de la réforme constitutionnelle de juillet à 10 jours avant les prochaines élections, à condition qu'un accord soit trouvé.
Pour que la constitution soit amendée, le texte proposé doit être approuvé par les deux chambres du Parlement avant d'être soumis à une session extraordinaire conjointe où il doit obtenir une majorité des trois cinquièmes.