Le gouvernement français a présenté un projet de loi controversé sur l'aide médicale à mourir, qui permettrait aux patients en phase terminale de prendre des médicaments mortels, alors que le public réclame de plus en plus d'options légales pour l'aide à mourir.
Les Français cherchant à mettre fin à leurs jours se rendent dans les pays voisins, comme la Belgique ou la Suisse, où le suicide médicalement assisté est légal.
Début mars, le président Emmanuel Macron a annoncé qu'un projet de loi « à la française » était en préparation, avec des conditions strictes pour l'accès à l'aide à mourir, tout en se gardant d'utiliser les termes de suicide assisté ou d'euthanasie.
Esquissant mercredi les contours de la future loi, la ministre de la Santé Catherine Vautrin a indiqué qu'elle prévoyait l'instauration d'une « aide à mourir » sous certaines conditions pour les patients en fin de vie affectés par « une souffrance physique ou psychologique ». conséquence de leur maladie.
Conditions strictes
Pour bénéficier de la nouvelle mesure proposée, les patients devraient avoir plus de 18 ans, être citoyens français ou résider en France, et le pronostic devrait être terminal à court et moyen terme, a déclaré Vautrin à l'issue d'un conseil des ministres.
Une équipe de professionnels de la santé devra confirmer que le patient souffre d’une maladie grave et incurable, qu’il souffre de douleurs intolérables et incurables et qu’il recherche de son plein gré des médicaments mortels.
Cette dernière condition exclura effectivement les patients souffrant de troubles psychiatriques ou de troubles neurodégénératifs comme la maladie d'Alzheimer.
Le patient initierait la demande de médicament mortel et confirmerait la demande après un délai de réflexion, a précisé M. Vautrin.
S'il est approuvé, un médecin délivrera alors une ordonnance, valable trois mois, pour le médicament mortel.
Les gens pourraient le prendre à la maison, dans une maison de retraite ou dans un établissement de soins de santé.
S'ils n'y parviennent pas – comme pour les personnes atteintes de la maladie de Charcot – ils peuvent désigner un tiers pour réaliser l'intervention.
Première étape importante
L'Église catholique et certains professionnels de la santé sont opposés au projet de loi, mais l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) a déclaré qu'il s'agissait d'un « premier pas vers un nouveau droit en fin de vie ».
« C'est la première fois en France qu'un gouvernement dépose une législation pour légaliser l'aide active à mourir », a déclaré l'ADMD dans un communiqué.
Elle s'est toutefois déclarée opposée à la référence au « pronostic terminal à court ou moyen terme » car elle « exclut de fait toutes les maladies à évolution lente qui s'accompagnent d'une détérioration significative à des stades avancés ».
Les députés commenceront à discuter du projet de loi en mai.
Vautrin a appelé à « une énorme dose d'écoute, une énorme dose d'humilité (…) et un énorme respect de la liberté de conscience ».
Elle a également annoncé 1,1 milliard d'euros de nouvelles dépenses pour les soins palliatifs et autres soins de fin de vie.
Support public
Un rapport de l'année dernière indiquait que la plupart des citoyens français étaient favorables à la légalisation des options de fin de vie, et les sondages d'opinion montrent un soutien croissant au cours des 20 dernières années.
Une loi française de 2016 prévoit que les médecins peuvent garder les patients en phase terminale sous sédation avant leur décès, mais n'autorise pas le suicide assisté ou l'euthanasie.
En avril 2023, la Convention citoyenne sur la fin de vie, composée de 182 citoyens sélectionnés au hasard, a voté à une majorité de 76 % en faveur d'une certaine forme d'euthanasie ou d'aide à mourir sous certaines conditions.
Le suicide assisté est autorisé en Suisse, au Portugal et dans plusieurs États américains.
L'euthanasie est actuellement légale aux Pays-Bas, en Espagne, au Canada, en Australie, en Colombie, en Belgique et au Luxembourg sous certaines conditions.
(avec fils de presse)