C’est avec satisfaction que la co-présidente de l’association, Clémentine Charlemaine, observe une évolution positive dans l’univers du cinéma. Elle remarque en effet une attitude favorable des personnes en charge du casting, hommes et femmes, qui « se manifestent en soutien à la sauvegarde des acteurs et actrices ».
« Mettre un distinguo entre la liberté de création et la liberté de se comporter sans restriction », déclare Clémentine Charlemaine, co-présidente de l’organisation 50/50 et déléguée générale de l’association Cinéma pour tous, le mardi 9 avril sur 42mag.fr. Ceci suite à la révélation par la cellule d’investigation de Radio France de l’inculpation du réalisateur Philippe Lioret par dix actrices françaises.
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D’après l’enquête, le metteur en scène des films comme « Je vais bien, ne t’en fais pas » et « Welcome », est accusé par dix actrices pour des attitudes non consensuelles et inappropriées lors d’auditions ou de castings. Il est principalement critiqué pour un incident lors du casting de son film de 2010 « Toutes nos envies », où il a choisi d’improviser avec les actrices une scène intime. La cellule d’enquête de Radio France a eu accès à des vidéos de ce casting, où on le voit prendre les actrices dans ses bras, poser sa bouche dans leur cou et parcourir leur corps avec ses mains.
« Inconscient de leur comportement abusif »
Dans cette enquête, les actrices Élodie Frenck et Amandine Dewasmes témoignent à visage découvert, un acte de bravoure salué par la présidente de l’association 50/50 : « Cela renforce la véracité des propos, c’est d’une grande importance ». Dans le cinéma, l’audition est « un moment d’extrême vulnérabilité » pour les acteurs et actrices, où des abus peuvent survenir, ajoute Clémentine Charlemaine. Elle insiste sur l’importance de « faire une distinction claire entre la liberté de créer et la liberté d’agir sans frein » des réalisateurs. Selon elle, la réponse est « que davantage de personnes soient formées à la prévention et à la lutte contre les violences sexuelles » car certains réalisateurs « ne réalisent pas toujours qu’ils sont dans l’abus, mais ils le sont ». « Il est donc nécessaire de se former pour remettre en question ses propres comportements », insiste-t-elle.
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Elle observe aussi une tendance dans le milieu du cinéma, où « de nombreux directeurs et directrices de casting » « se sont positionnés pour la protection des acteurs et actrices durant les castings, c’est-à-dire refuser de faire jouer des scènes de nudité, dans le respect de l’intégrité des personnes face à eux ».