Les mesures de réparation proposées par la France pour les familles rapatriées d’Algérie après l’indépendance et détenues dans des camps ont été jugées inadéquates par la justice européenne. Cette décision constitue un signe de reconnaissance important pour les descendants de ces personnes qui ont subi des traitements inhumains et dégradants.
La justice européenne donne raison aux enfants de harkis
La Cour européenne des droits de l’homme a donné raison aux quatre enfants de harkis qui l’avaient saisie. En 1962, après la guerre d’Algérie, les parents de ces enfants ont été rapatriés de l’Algérie vers le sud de la France, échappant ainsi au massacre qui sévissait en Algérie. Ces familles se sont retrouvées d’abord à Rivesaltes, puis à Bias, dans des camps où elles ont vécu des conditions de vie déplorables.
Une condamnation de la France par la Cour européenne des droits de l’homme
Les harkis, ces musulmans ayant combattu aux côtés de l’armée française en Algérie, ont longtemps été oubliés par la France. Certains ont été abandonnés en Algérie, d’autres ont été rapatriés en France, mais dans des conditions inhumaines. Aujourd’hui, la Cour européenne des droits de l’homme a condamné la France pour avoir considéré que les conditions de vie dans les camps de harkis étaient incompatibles avec le respect de la dignité humaine.
Les membres de la famille Tamazoult ont été enfermés pendant 13 ans sans aucune liberté. Charles Tamazount, président du comité Harkis et vérité, raconte que ces familles ne pouvaient pas sortir des camps, n’avaient pas accès à l’école de la République et que leur courrier était censuré. Les prestations sociales étaient détournées par l’État français pour faire fonctionner les camps.
Selon Charles Tamazount, les harkis ont vécu dans le dénuement le plus total pendant plus de 15 ans. En tout, 40 000 harkis et leurs enfants ont séjourné dans ces camps, certains y ont perdu la vie faute de soins adéquats. Malgré la fermeture des camps à partir de 1975, il a fallu attendre longtemps pour que la France reconnaisse les préjudices subis par les harkis.
Des réparations jugées insuffisantes
Les associations de harkis ont remporté une victoire contre le barème fixé par le gouvernement pour les réparations. La Cour européenne des droits de l’homme a estimé que la somme maximale prévue pour 13 ans passés dans les camps n’était pas suffisante. Les familles réclament une indemnisation plus conséquente, à la hauteur des préjudices subis.
Le comité Harkis et vérité demande environ 10 à 15 000 euros par année passée dans les camps, au titre de la détention arbitraire. D’autres décisions de justice sont attendues, alors que de nombreux dossiers sont examinés par la Cour européenne des droits de l’homme et la justice administrative en France.