Dans son second long-métrage « Rosalie », Stéphanie Di Giusto dépeint subtilement l’aspiration d’une femme à embrasser sa singularité et à être reconnue en l’état, surtout par son mari.
Rosalie aspire ardemment à être aimée par son futur mari. C’est l’une des premières scènes du dernier long-métrage de Stéphanie Di Giusto, intitulé Rosalie, qui sortira le 10 avril. La réalisatrice met en scène une jeune femme unique, incarnée de manière poignante et authentique par Nadia Tereszkiewicz, qui donne une remarquable innocence au personnage de femme à barbe.
En pratiquant un rasage méticuleux, Rosalie conserve un secret que son mari, joué par Benoît Magimel, alias Abel, découvre durant leur nuit de noces. S’il s’est marié avec elle pour sa dot afin de résoudre ses problèmes financiers, Abel espérait néanmoins vivre auprès d’une « femme ». Après avoir été rejetée par son compagnon, à qui elle a pourtant rapidement exprimé son désir d’avoir des enfants, Rosalie choisit de vivre sa différence et de l’utiliser pour revitaliser le café appartenant à Abel et qui connaît des difficultés.
Pour son deuxième film, tout comme pour son premier, La Danseuse, présentés tous deux à Un Certain Regard à Cannes, Stéphanie Di Giusto s’est inspirée de Clémentine Delait, femme à barbe célèbre au début du XXe siècle.
L’intrigue conçue par la réalisatrice dépeint comment Rosalie, après avoir surmonté le dégoût que son mari semble éprouver pour elle, décide de lui venir en aide en utilisant son apparence pour sauver financièrement leur ménage. La jeune femme sait que sa situation exceptionnelle attirera l’attention dans le contexte français de 1870 et mise sur cette curiosité pour augmenter la clientèle du bar.
Assumer son apparence malgré les défis
Rosie, véritablement libérée et désormais indépendante, touche les gens grâce à son innocuité et sa joie de vivre. Sa condition, l’hirsutisme, et l’apparence qu’elle en tire provoquent à la fois le choc et la fascination. Le terme « monstre » est même lancé au sein de la petite communauté où elle débarque. Stéphanie Di Giusto réussit à montrer que le dégoût est une construction sociale relative. Le personnage d’une religieuse s’adressant gentiment à Rosalie le lui fait remarquer en disant : « Chacun de nous est unique, n’est-ce pas ? »
Au fur et à mesure que Rosalie gagne en confiance, Abel a la possibilité de la voir sous un autre jour et peut-être de tomber amoureux d’elle. Benoît Magimel rend bien la frustration et la curiosité qui émanent de son personnage, dont la perspective évolue subtilement. Comment résister à Rosalie dont l’attraction est sublimée par la caméra ? La pureté de sa robe de mariée et les tonalités pastel renforcent la délicatesse de l’héroïne que la caméra suit de près. Les cheveux luxuriants de Rosalie étant mis en avant de tous côtés, tout comme sa barbe, pour en venir à la même conclusion : tous les poils sont beaux, même si certains sont considérés comme inesthétiques.
L’histoire met l’accent sur la beauté et la sensualité de cette jeune femme épanouie. En dépit de ce que ses détracteurs aimeraient faire croire. L’aspect concupiscent de Barcelin, le créancier de son mari, interprété par Benjamin Biolay, est une preuve irréfutable de cette beauté. En explorant la variété des réactions face à la différence et en s’appuyant sur le duo touchant et convaincant Tereszkiewicz-Magimel, Stéphanie Di Giusto offre une expérience cinématographique délicate et émouvante avec Rosalie.
Les détails du film
Genre : Drame
Réalisatrice : Stéphanie Di Giusto
Acteurs : Nadia Tereszkiewicz, Benoît Magimel, Benjamin Biolay, Guillaume Gouix, Gustave Kervern, Anna Biolay et Juliette Armanet
Pays : France
Durée : 1h55
Sortie : 10 avril 2024
Distributeur : Gaumont