La cinéaste mongole Lkhagvadulam Purev-Ochir livre, grâce à « Un jeune chaman », une œuvre long-format remplie d’émotion et d’intelligence, articulée autour d’un lycéen à la recherche de qui il est, et qui se trouve écartelé entre le consumérisme et la spiritualité. « Un jeune chaman » s’avère être un film nuancé et plein de poésie.
Introduction au film
Le film nous immerge tout de suite dans une cérémonie chamanique, conclue par un surprenant dévoilement de l’âge du chaman. Le protagoniste, Zé, n’a que 17 ans. C’est à partir de ce moment que les téléspectateurs découvrent progressivement les multiples facettes de la personnalité du jeune homme.
Le Jeune Chaman suit le parcours initiatique de Zé, un lycéen en quête de lui-même. Rigoureux et dévoué, il oscille entre spiritualité et modernité. Sa vie semble se dérouler paisiblement, puisqu’il vit en symbiose avec l’esprit de ses ancêtres pour soutenir sa communauté, tout en poursuivant ses études de manière sérieuse. Il réside dans une yourte située à la périphérie de la capitale mongole, Oulan-Bator.
Tout bascule lorsqu’il rencontre Maralaa, une jeune fille de son âge ayant des problèmes cardiaques. Sa rencontre avec elle bouleverse son existence et l’amène à se questionner sur sa place dans le monde. Le film sortira dans les salles le 24 avril.
Le mariage de la nature et des esprits »
Le tournant initial du film est inspiré d’une expérience personnelle de la réalisatrice. Comme elle l’explique : « La genèse du film est née d’une rencontre semblable à celle présentée dans l’histoire. Ma mère m’avait emmenée voir un chaman pour une question familiale. Nous sommes arrivées en retard et je n’ai pas pu rencontrer le chaman en amont. Plus tard, en attendant ma mère, un jeune s’est assis près de moi. Il avait l’air très sympathique, ses bras étaient tatoués et il portait un piercing à l’oreille. Il s’amusait avec son téléphone. Quand ma mère est sortie de la maison, elle m’a révélé qu’il était le chaman que nous étions venues voir », explique Lkhagvadulam Purev-Ochir.
Pour son premier long métrage, la réalisatrice mongole a choisi de suivre le parcours introspectif de Zé et sa quête identitaire dans une Mongolie tiraillée entre ses traditions et la modernité. Le jeu d’acteur convaincant de Tergel Bold-Erdene rend le personnage de Zé émouvant et authentique, perdu dans un no man’s land spirituel. Fasciné par la technologie moderne, il partage avec sa petite amie son admiration pour les maisons intelligentes. Il s’émerveille : « Tu frappes des mains et la lumière s’allume, pareil pour les stores…« . Maralaa lui rétorque : « Qui en a vraiment besoin? Peut-être ceux qui sont paresseux ». De ce dialogue émerge le trouble existentiel de Zé. Au lycée, il commence à montrer des signes de rébellion, comme lorsque les élèves se retournent contre l’enseignante après qu’elle ait abusé de son autorité.
Le Jeune Chaman est un film subtil, qui évite toute dualité et questionne la spiritualité et la modernité, sans nécessairement les opposer. Il offre également une perspective sur une société en pleine recherche de son identité. Le Jeune Chaman est une œuvre qui transcende les frontières par son caractère universel.
Détails du film
Titre : Le Jeune Chaman
Genre : Drame
Réalisation : Lkhagvadulam Purev-Ochir
Distribution : Tergel Bold-Erdene, Nomin-Erdene Ariunbyamba
Durée : 1h43
Synopsis : Zé, 17 ans, est chaman. Il étudie ardemment pour construire son avenir, tout en communiant avec l’esprit de ses ancêtres pour soutenir sa communauté à Oulan-Bator. Sa rencontre avec Maralaa, une jeune fille ayant des problèmes cardiaques, ébranle ses certitudes et ouvre la voie à une nouvelle réalité.
Sortie en salle : 24 avril 2024