Concurrençant pour la prestigieuse Palme d’Or, le metteur en scène originaire d’Iran révèle au quotidien britannique « The Guardian » qu’il a dû réaliser une traversée à pied des montagnes avant de parvenir à se réfugier finalement en Allemagne.
Mohammad Rasoulof, éminent cinéaste iranien, est depuis quelque temps dans le collimateur du régime mollah. Récemment condamné à la prison, Rasoulof, 51 ans, a réussi à s’échapper discrètement de son pays, avant d’obtenir l’asile en Allemagne. Dans une entretien avec The Guardian, le réalisateur a décrit son odyssée comme « éreintante et hautement risquée ».
Plus tôt ce mois-ci, Mohammad Rasoulof s’est vu infliger une peine de huit ans de prison, dont cinq réellement applicables, en appel. Rasoulof, qui a qualifié cette sanction d’« injuste », a réussi à échapper au régime iranien grâce à un voyage « de plusieurs heures, éreintant et hautement risqué, guidé par un passeur »,, qui l’a aidé à franchir les montagnes et à traverser subrepticement la frontière à pied, selon un article publié le vendredi 17 mai. Au départ, le réalisateur devait rapidement choisir s’il restait en Iran ou fuyait. Mais il souhaitait « raconter ce qui se passe réellement en Iran », et « c’est quelque chose que je ne peux pas accomplir depuis une cellule de prison », a-t-il expliqué.
Se dissimulant à différents endroits secrets durant sa fuite
Désactivant tous ses appareils électroniques, Mohammad Rasoulof s’est caché à divers endroits, gardés secrets, en attendant de recevoir des documents officiels des autorités allemandes. Rasoulof, en compétition pour la Palme d’Or qui sera décernée le 25 mai lors du Festival de Cannes, espère qu’il sera autorisé à se rendre en France pour assister à l’événement sur la Croisette.
Son film Les graines du figuier sauvage, qui lui a valu cette sévère condamnation, raconte l’histoire d’un enquêteur qui plonge progressivement dans une paranoïa, tandis que d’importantes manifestations éclatent à Téhéran, la capitale. Le cinéaste mal vu du régime mollah a déjà été condamné et incarcéré à deux reprises en Iran, où la répression s’intensifie depuis le mouvement de protestation qui a ébranlé le pays en 2022 suite au décès de Mahsa Amini.
Réaliser les films qui lui tiennent à cœur, puis revenir en Iran, quitte à « finir en prison »
En dépit de la menace de peines de prison, Mohammad Rasoulof, récipiendaire de nombreux prix internationaux dont l’Ours d’or à Berlin en 2020, ne rejette pas la possibilité de retourner dans son pays « très bientôt ». « J’ai toujours pensé que si je devais passer des années en prison, je n’aurais ni la force ni la possibilité de réaliser ces films », a-t-il déclaré, « donc je dois d’abord les réaliser, et ensuite, je pourrais toujours rentrer et aller en prison ».