Éminent personnage du monde du cinéma hollywoodien, il tient les rôles de réalisateur, scénariste et producteur. Il était présent sur la Croisette, où il devait recevoir la Palme d’or d’honneur, le samedi 25 mai, lors de la cérémonie de Clôture du 77e Festival de Cannes. Il a saisi l’opportunité pour rencontrer ses admirateurs de longue date.
George Lucas, octogénaire bien connu du Festival de Cannes, a mis les pieds pour la première fois sur le tapis rouge cannois en 1971 pour la présentation de son premier long-métrage, intitulé THX-1138. Le maître du genre science-fiction a ensuite effectué de nombreux retours remarquables sur les planches de la Croisette en tant que scénariste, metteur en scène et producteur.
On ne peut dissocier George Lucas des sagas mythiques Star Wars et Indiana Jones. Lucas a apporté ses lettres de noblesse aux blockbusters et a offert un plaisir incomparable aux spectateurs du monde entier. C’est donc tout naturellement qu’il a partagé, lors d’une conversation, son parcours avec ses fans.
Un pilier du 7ème art
Une heure avant la séance, on peut déjà voir une longue queue se former. Yvon, 16 ans, étudiant en cinéma, affirme : « George Lucas est un pilier du cinéma ! Mon opus préféré, c’est sans doute Star Wars IV, pour son dynamisme qui manque aux autres ».
Antoine, qui s’est connecté dès l’ouverture de la billetterie, nous dit : « Pour moi, il est une personnalité influente du cinéma, et c’est également un homme intéressant. Il a fait des choix audacieux et a su se révéler en tant que producteur et créateur d’idées, de scénarios et d’imaginaire collectif à la fin du 20ème et au début du 21ème siècle ».
On peut ressentir l’excitation monter lorsque l’on franchit le portillon de contrôle. Un jeune homme s’exclame « J’avais trop peur que mon billet ne fonctionne pas ». Notre voisin de rangée fredonne l’air de Star Wars, diffusé par les enceintes. Lui, il a découvert Le Retour du Jedi à seulement sept ans. « J’ai même eu le disque et des Lego, puis j’ai vu toute la saga Star Wars. »
De jeunes filles en groupe semblent ravies de leur présence ici, car pour elles, « George Lucas est quelqu’un de rare ». Un jeune garçon espère, pour sa part, que le réalisateur partagera ses anecdotes de tournage.
Quand Lucas entre modestement sur la scène de la salle Debussy, l’auditoire se lève pour lui offrir une ovation retentissante. Il est vêtu décontracté, avec un jean noir, une chemise de travail et des baskets blanches. « Je suis très heureux d’être ici, c’est nostalgique, c’est toujours agréable d’être mis à l’honneur », avoue-t-il en référence à la Palme d’honneur qui lui sera décernée le 25 mai.
« Le cinéma, c’est fait pour moi ! »
Pendant une heure et demi, George Lucas a parlé de son histoire d’amour avec le cinéma. Il n’oublie jamais sa première réelle confrontation avec le cinéma. « J’étais un mauvais élève. J’ai suivi un camarade qui s’inscrivait à l’université de Sacramento. Il y avait une section de cinéma, et j’ai compris que le cinéma, c’était fait pour moi ! »
Lucas a ainsi rencontré Francis Ford Coppola durant ses études, qui lui ont permis de réaliser son premier film, qui porte déjà le titre de THX. Il se rappelle : « Moi je ne voulais pas faire de film à la Hollywood, je voulais faire de l’animation, et Coppola m’a invité à venir. »
Le groupe du Nouvel Hollywood, incluant Brian De Palma, Francis Ford Coppola, Martin Scorsese, Michael Cimino, Steven Spielberg et George Lucas, implémente le cinéma dans la contre-culture des années 60 à Los Angeles. Lucas se rappelle : « On voulait prouver que l’on pouvait réaliser des films indépendants en dehors des studios et que l’on pouvait gagner de l’argent en le faisant. Le secret, c’était notre amour pour le cinéma et notre désir de faire des films pour le public. »
Ferveur et détermination
C’est ainsi que George Lucas écrit sa propre histoire du cinéma. En marge des pressions des studios ou des producteurs, son premier objectif est toujours de faire plaisir au public. C’est le cas avec Americain Graffiti sorti en 1973. Une comédie dramatique qui décrit la vie de deux étudiants dans les années 50 sur la côte Est des Etats-Unis. Le film ne trouve aucun financement.
Les producteurs lui avaient même dit : « Vous devriez avoir honte de présenter ça au public ». Pourtant, chaque projection est applaudie. « Le film est sorti au pire moment de l’année, en août, et a récolté 25 millions de dollars en quelques jours, ce qui était énorme à l’époque. Il est resté à l’affiche pendant un an. Je ne m’attendais absolument pas à une telle réussite », admet-il humblement. « Le secret, c’est la passion et la persévérance. Un scénariste ou un réalisateur doit pouvoir réaliser le film qu’il veut, c’est un concept qui remonte à Michel-Ange », assure-t-il.
« Star Wars », ou l’exploration d’un nouvel horizon
Perfectionniste et passionné par le son, la musique, les effets spéciaux et le montage, Lucas se lance dans une nouvelle aventure quatre ans plus tard avec Star Wars. Les studios ne veulent pas produire le film, pensant qu’il serait un échec. Le premier épisode de la saga sort en 1977, porté par la bande originale inoubliable de John Williams. « J’étais ravi ! Je voulais une musique symphonique, dans le style de celle de Pierre et le Loup, avec un orchestre et de la musique des années 30 », se souvient le cinéaste. « Le film est excellent car nous avons travaillé minutieusement sur la bande sonore, c’est ça qui fait un bon film ».
Tout comme pour American Graffiti, Star Wars rencontre aussitôt son public. De 5 à 85 ans, les spectateurs viennent et reviennent voir le film, offrant un rayon de lumière à une époque sombre aux États-Unis. Pour George Lucas, « Star Wars va bien au-delà d’une simple saga galactique. Le film s’adresse principalement à des enfants de 12 ans, c’est un film pour les enfants qui perdurera », conclut-il, devant un public qui lui offre à nouveau une standing ovation.