Dans « Les Damnés » (« The Damned »), Roberto Minervini capture la terreur et les souffrances de la guerre sous son aspect le plus brut.
Une projection remarquée à Cannes pour « Les Damnés »
Présenté dans « Un certain regard » au Festival de Cannes, « Les Damnés » du réalisateur italien Roberto Minervini, un habitué du documentaire, a marqué son entrée dans le film de fiction. L’équipe du film a reçu une ovation de plusieurs minutes le jeudi 16 mai à Cannes, suite à sa première projection. On s’attend à voir le film sortir en France au début de l’année 2025.
Une exploration de l’Amérique sauvage durant la guerre de Sécession
Le cadre du film se situe aux États-Unis en 1862, en pleine guerre de Sécession. Un groupe de soldats de l’Union est envoyé en mission d’éclaireur au coeur de la nature sauvage du Montana. Le récit suit ces hommes au quotidien, entre moments de tranquillité et de tension, tandis qu’ils se préparent à tout instant à se défendre d’un ennemi qu’ils ne voient pas. Leurs journées sont ponctuées par l’entretien de leur équipement, le soin des chevaux, les gardes, la collecte du bois, et des parties de cartes. L’attente de l’ennemi semble interminable, emplissant leur quotidien d’un ennui profond.
Le film met en avant l’Amérique mythique avec ses vastes paysages, sa conquête par la force et sa foi en Dieu. Cependant, Minervini déconstruit l’aura cinématographique américaine habituelle par une approche résolument non spectaculaire, mettant l’accent sur les détails du quotidien à un rythme oppressant. L’atmosphère du film évoque celle du « Désert des Tartares » de Dino Buzzati.
Mise en scène épurée
Le film s’éloigne des clichés héroïques habituels. Il décrit seulement le quotidien banal de la guerre, d’un ennemi invisible et d’un environnement naturellement robuste. Un seul moment d’action survient avec une attaque brusque de l’ennemi, suffisante pour exposer la violence, la peur, la douleur et le deuil qui accompagnent la guerre.
Le film se fait également le reflet des tensions actuelles et des divisions présentes à la veille des élections américaines. Il se présente également comme un hymne à la nature et à l’homme, libérés des stéréotypes de la masculinité par la proximité de la mort, autorisant ainsi l’expression de leurs peurs, de leur douceur et de leur humanité sans culpabilité.
La guerre : un non-sens
Au fil du temps, ces soldats perdent le sens de cette guerre qui semble sans fin. Les dialogues réduits, centrés sur la recherche de sens par les protagonistes, s’accompagnent d’une bande sonore minimaliste qui souligne l’atmosphère du film. Le réalisateur explique avoir adopté certains codes du film de guerre pour renforcer ce genre.
Pour sa première incursion dans le domaine de la fiction, le talentueux documentariste Minervini réussit à maintenir une cohérence de bout en bout avec une mise en scène épurée. Il expose le visage véritable de la guerre : une absurdité mortelle sans héros ni gloire.
Fiche du film
Genre : Historique, Guerre
Réalisateur : Roberto Minervini
Acteurs : Jeremiah Knupp, René W. Solomon, Cuyler Ballenger
Pays : Belgique, Italie, U.S.A., Canada
Durée : 1h28min
Sortie : Début 2025
Distributeur : Les films du Losange
Synopsis : Hiver 1862. Durant la guerre de Sécession, l’armée américaine envoie une compagnie de volontaires à l’Ouest pour patrouiller des secteurs non explorés. Confrontés à un changement inattendu de leur mission, ils commencent à remettre en cause leur engagement.