Le metteur en scène, en course pour le prestigieux trophée de la Palme d’or, a fui sa patrie au commencement du mois dans le but d’éviter une autre sentence d’emprisonnement.
Le cinéaste iranien, de longue date dans la ligne de mire du régime des mollahs, participera au 77ème Festival de Cannes pour présenter son film Les Graines du figuier sauvage. Cette annonce a été faite par Thierry Frémaux, délégué général du festival, le mardi 21 mai, à l’AFP, quelques semaines seulement après l’évasion clandestine du réalisateur de son pays d’origine.
Le film, en compétition pour la Palme d’or, sera projeté le vendredi 24 mai, à la veille de la proclamation des résultats. En invitant Mohammad Rasoulof, le festival témoigne son soutien « à tous les artistes du globe qui sont victimes de violences et de représailles pour avoir exprimé leur art », a souligné Thierry Frémaux.
Le détail de son évasion
Avant son évasion, Mohammad Rasoulof a mis hors service tous ses dispositifs électroniques et s’est réfugié dans divers endroits tenus secrets en attendant de recevoir des documents officiels des autorités allemandes. Le cinéaste, en compétition pour la Palme d’or qui sera décernée le samedi 25 mai au Festival de Cannes, espère obtenir l’autorisation de se rendre en France pour assister à l’événement sur la Croisette.
Son film Les Graines du figuier sauvage, qui lui a valu une lourde sentence, raconte l’histoire d’un magistrat sombrant progressivement dans la paranoïa tandis que d’importantes manifestations éclatent dans la capitale Téhéran. Ce réalisateur, mal perçu par le régime des mollahs, a été condamné et emprisonné à deux reprises en Iran, où la répression s’est intensifiée depuis le soulèvement populaire qui a secoué le pays en 2022 après le décès de Mahsa Amini.
Réaliser les films qu’il désire, puis retourner en Iran, quitte à « se retrouver en prison »
En dépit de cette menace d’emprisonnement, Mohammad Rasoulof, lauréat de nombreux prix à l’échelle internationale dont l’Ours d’or à Berlin en 2020, n’exclut pas l’éventualité de rentrer dans son pays « assez rapidement ». Selon lui, « s’il devait rester en prison pendant des années, il n’aurait ni l’énergie ni l’aptitude de réaliser ces films », « il faut donc qu’il les réalise d’abord, et ensuite, il aura toujours la possibilité de rentrer et de se retrouver en prison ».