Son œuvre cinématographique « Les Graines du figuier sauvage » est en lice pour la prestigieuse Palme d’Or à Cannes. Contraint à quitter son pays d’origine pour pouvoir la dévoiler, il lance un appel aux acteurs internationaux pour « tackler de manière plus frontale » la république islamique dans le but de protéger les artistes.
« Il est inadmissible qu’un gouvernement exerce une telle oppression envers ses artistes », s’indigne le mercredi 22 mai en direct sur France Inter, le réalisateur iranien Mohammad Rasoulof, qui viendra personnellement présenter son film au Festival de Cannes vendredi après avoir réussi à échapper à son pays.
« Le plus crucial est que j’ai réussi à sortir, mais beaucoup de ceux qui ont travaillé avec moi sur ce film, comme les acteurs, (…) ou d’autres membres de l’équipe de production, sont toujours en Iran », explique-t-il. « Ils sont réellement mis sous pression depuis que les autorités de sécurité iraniennes ont découvert l’existence de ce film ».
Sentencé à huit ans de détention en Iran
« C’est une situation impardonnable », poursuit-il. « Il est impardonnable qu’un régime puisse opprimer ses artistes simplement parce qu’ils ont usé de leur liberté d’expression, simplement parce qu’ils ont créé, simplement parce qu’ils ont raconté des histoires », martèle-t-il.
« Comment peut-on encore laisser un gouvernement réduire ses artistes au silence à ce point ? », interroge le réalisateur, qui interpelle « la communauté internationale » sur le sujet de l’oppression des artistes.
Mohammad Rasoulof, en conflit avec le régime de Téhéran, se déplacera personnellement pour présenter son film Les Graines du figuier sauvage lors du 77e Festival de Cannes, après avoir fui en secret son pays, a révélé mardi son délégué général, Thierry Frémaux. Le film, en compétition pour la Palme d’or, sera projeté vendredi, juste avant l’annonce du palmarès.
Véritable figure du cinéma iranien, ayant défié le régime des mollahs pendant des années, ce réalisateur de 51 ans a récemment été condamné en appel à huit années de réclusion, dont cinq exécutoires. Critiquant une sentence « injuste », il a réussi à quitter l’Iran en secret pour trouver refuge en Allemagne, en mai.