« Ce n’est pas envisageable qu’il n’y ait que les femmes qui s’expriment », proteste-t-elle, mercredi lors de son intervention sur France Inter, alors qu’une centaine d’individus masculins issus de l’univers culturel ont apposé leurs signatures sur une chronique parue dans le magazine « Elle », et ce, dans le but d’appuyer le mouvement #MeToo.
Mercredi 1er mai, l’actrice française Juliette Binoche a exprimé, avec une forte émotion, son sentiment de soulagement sur les ondes de France Inter. Elle réagissait à une initiative d’une centaine d’hommes du milieu culturel qui ont publiquement apporté leur soutien au mouvement MeToo par le biais d’une tribune publiée mardi sur le site web du magazine Elle. Selon l’actrice, il est réconfortant de voir des hommes se joindre et soutenir les femmes qui dénoncent des agressions sexuelles et sexistes commises par des réalisateurs, des acteurs ou des auteurs.
Le silence des hommes sur cette question était jusqu’à présent prédominant. Juliette Binoche admet qu’elle est déconcertée par cette absence de réaction du sexe masculin, précisant « Ce n’est pas envisageable d’entendre uniquement la voix des femmes ». Face à l’indifférence masculine face au mouvement des femmes iraniennes qui a secoué l’Iran il y a deux ans, elle souligne : « aucun homme n’a rasé sa tête en signe de soutien ». En larmes, l’actrice ajoute que si aucun crédit n’est accordé à la parole féminine, alors celle-ci est totalement ignorée. Selon elle, toutes les femmes attendent depuis longtemps une réponse de la part des acteurs et des réalisateurs. « C’est une nécessité, sinon rien ne changera », affirme-t-elle.
La « fixation sur la nudité »
Juliette Binoche revient également sur ses propres expériences professionnelles et pointe du doigt « la fascination pour la nudité » qu’elle a pu constater à ses débuts. Elle se souvient qu’à la sorte des années 1970, « il y avait une demande de nuditité dans les films ».
« Presque tous les scripts comportaient une scène de nu, simplement parce que c’est vendeur. »
Juliette Binoche, actricesur France Inter
Elle évoque en particulier le film Rendez-vous d’André Téchiné, sorti en 1985. A l’époque, sa mère qui a vu le film a été « surprise » de voir sa fille dénudée à l’écran. L’actrice raconte que la réaction de sa mère a été mitigée. « Je pensais qu’elle m’admirait, mais elle était effarée », confie-t-elle.
Demandée si les choses ont évolué depuis, Juliette Binoche répond par l’affirmatif, tout en nuancant. Elle indique avoir reçu récemment un script avec de nombreuses descriptions détaillées de scènes de nudités. L’actrice admet qu’elle comprend la nécessité de la nudité, « parce qu’il y a un besoin d’authenticité », tout en soulignant que tout dépend de la façon dont « c’est réalisé, filmé ».