Lors du Festival de Cannes 2024, Judith Godrèche introduit le court-métrage « Moi aussi », traitant du thème des abus sexuels. En compagnie d’Augustin Trapenard, elle discute de son initiative visant à dénoncer les agressions sexuelles dans l’industrie cinématographique.
Judith Godrèche a porté plainte en février dernier pour abus sexuels sur mineur contre les metteurs en scène français Jacques Doillon et Benoît Jacquot. Cette action personnelle s’inscrit naturellement dans la lignée du mouvement #MeToo. L’actrice revient sur ces derniers mois et sur le Festival de Cannes, auquel elle assiste avec son court-métrage « Moi aussi ». Judith Godrèche exprime : “Je trouve qu’il y a beaucoup de rumeurs qui, très fâcheusement, nuisent parfois à ceux qui s’efforcent de faire aboutir des changements. Ceux qui se sentent attaqués sont d’autant plus sur leurs gardes. Ces rumeurs nuisent à la cause de ceux qui cherchent à provoquer des changements.”
En février également, Judith Godrèche a prononcé un discours lors de la cérémonie des César, affirmant : “Mon silence est resté ma force pendant 30 ans. (…) Nous avons le droit de décider que des hommes accusés de viols ne peuvent pas dominer l’industrie du cinéma”.
“Il est crucial d’arrêter de fermer les yeux, de faire comme si tout allait bien alors que tout le monde sait”
Quelques mois plus tard, Judith Godrèche raconte qu’elle a vécu la soirée des Césars en état de déconnexion, comme si elle n’en a pas fait partie. Elle dit : “Je pense vraiment que j’étais dans un état de transe. J’étais complètement absorbée par mes pensées internes. J’étais dans un état proche de la méditation, mais je n’étais certainement pas à la cérémonie des César.” Après son discours, la salle s’est levée pour l’applaudir, geste qu’elle estime insuffisant. Elle dit n’avoir ressenti aucune peur ce soir-là, car elle n’avait “rien à perdre”. Au cours des derniers mois, l’actrice-réalisatrice a reçu des signaux par “des lettres, des textos, des appels téléphoniques” de personnes lui suggérant qu’elle ferait mieux de retourner vivre aux États-Unis.
Le 2 mai, 52 députés ont voté à l’unanimité pour la création d’une commission d’enquête sur les violences sexistes et sexuelles commises dans l’industrie du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité. Judith Godrèche partage son expérience de cette journée à l’Assemblée nationale : “Pour moi, l’Assemblée nationale est le lieu du pouvoir adulte. Et là, voilà qu’elle entend mon histoire, l’histoire d’une gamine qui s’est trouvée aux côtés de grands hommes respectés de tous. Cette jeune fille se rendait compte qu’elle occupait une étrange position dans ce monde-là et, n’a jamais vraiment trouvé sa place, mais plutôt sous l’emprise ou avec l’approbation des autres. Je me suis toujours sentie illégitime et je crois que j’ai toujours une relation complexe et conflictuelle avec cela. Mais à cet endroit, la petite fille que j’étais est devenue adulte, et pas seulement pour jouer ce rôle, mais pour être reconnue comme tel. Cela a été extrêmement touchant pour moi, que ces adultes me reconnaissent.”