Le réalisateur offre un tribut aux « oubliés », en mettant en scène deux camarades inséparables qui dessinent leur chemin dans la recherche de soirées, de nouvelles connaissances et de liberté. Incontournable.
Tournant entre réalisme et fiction, le film « Fainéant.es », du réalisateur Karim Dridi, qui a également réalisé « Bye-Bye », est un hommage aux individus qui privilégient la liberté. Le 29 mai, ce road-trip est sorti en salle, offrant un regard empathique sur ces populations souvent catégorisées comme marginales.
Les deux protagonistes, Nina et Djoul, amies inséparables, sont chassées de leur abri improvisé en Bretagne. Elles s’aventurent alors vers le sud, à bord de leur vieux camion en ruine. « Fainéant.es » est une représentation cinématographique des « laissés-pour-compte », ceux qui sont souvent négligés, ou relégués à l’extrême marge de la société – les « sans importance », les « indésirables », les « pauvres », les sans-abri et tous ceux qui sont étiquetés comme paresseux.
« Personne ne voulait financer un film sur ces personnes-là. Simplement mettre en œuvre ce film constitue déjà un acte de subversion. C’est une démonstration artistique de survie et de résistance, un acte de réflexion profonde. C’est essentiel. Car l’alternative à la subversion est la résignation », déclare le réalisateur.
Etre plûtot qu’avoir
Pour concrétiser ce film, le réalisateur a plongé dans cet univers pendant plusieurs années. De cette immersion est sorti un film à la fois lumineux et sombre, un road-movie de deux femmes extraordinaires qui se forgent à travers les rencontres et les conflits. Fortes, libres, dignes, elles assument pleinement leur choix de vie.
Dès la scène d’ouverture, le ton est donné. La caméra suit le camion de police dans lequel les deux héroïnes sont enfermées. Au cours de leur voyage, Nina et Djoul vont à la rencontre des autres, multipliant les interactions. Comme cette rencontre émouvante et brillante avec une vieille dame qui refuse obstinément de retourner dans un Ehpad. « Je vous supplie, pas l’Ehpad, je veux mourir dans la dignité ».
Leur périple les fait traverser une France souvent invisible, celle des personnes qui fouillent les poubelles des supermarchés pour survivre ou vivent dans des squats. Les différentes personnes rencontrées. Les deux amies trouvent un travail dans les vignobles et Nina fait la rencontre d’un homme.
Une dispute éclate et la sororité se brise. Quelle est la nature des sentiments de Djoul envers Nina ? Amitié ? Amour ? Les deux ? Le réalisateur laisse le spectateur interpréter à sa guise. L’essentiel est ailleurs.
Les actrices principales Faddo Jullian et .jU., qui sont également amies dans la vie réelle, sont bouleversantes. Leur présence à l’écran est impressionnante. La scène marquante des retrouvailles entre les deux amies reste gravée dans la mémoire des spectateurs. Le titre, ironique, doit être compris au second degré. Car loin d’être des paresseuses, Nina et Djoul, travaillent beaucoup. Elles refusent simplement de se sédentariser et préfèrent continuer leur route, même si le coût de la liberté est parfois très élevé.
« Fainéant.es » est stylistiquement plus proche de l’univers de Ken Loach que de celui de « Thelma et Louise ». « Fainéant.es » est un film modeste, doux et brut, sur l’amitié, la sororité et la liberté. Un spectacle à couper le souffle.
Détails
Titre: Fainéant.es
Réalisateur: Karim Dridi
Scénario: Karim Dridi, Emma Soisson
Interprétation: Faddo Jullian, .jU., Odette Simoneau
Date de sortie: 29 mai
Résumé : Nina et Djoul, deux amies inséparables, sont chassées de leur squat. Elles reprennent alors la route à bord de leur vieux camion, le tout dans une soif de liberté et un seul but : faire la fête. Les rencontres inattendues, le travail saisonnier, les concerts, les subversions joyeuses, quelques galères mais surtout beaucoup d’aventures rythment désormais la vie nomade de ces deux amies.