Le long-métrage de João Salaviza et Renée Nader Messora, qui a reçu une distinction lors de la section Un Certain Regard du Festival de Cannes en 2023, se fait le porte-parole de la lutte pour la préservation des tribus de l’Amazonie brésilienne.
Les peuples en danger d’extinction de l’Amazonie et leur habitat fragilisé sont fréquemment représentés sur grand écran. C’est en ce sens qu’est née la seconde collaboration artistique entre João Salaviza et Renée Nader Messora, cinéastes portugais brésiliens. Ensemble, ils poursuivent leur quête d’observation et de soutien d’une région et de ses habitants en voie de disparition.
Projeté dès le mercredi 1er mai, La Fleur de Buriti impressionne par sa splendeur visuelle, sa dimension animiste, et le message puissant qu’il véhicule. Ce film se situe à la croisée du documentaire et de la fiction.
Au sein de la luxuriante forêt amazonienne, le peuple Krahô mène une vie éloignée des métropoles, guidée par ses traditions et ses croyances millénaires. La tribu est soumise depuis des générations à une menace constante d’éradication de la part de la civilisation occidentale. À travers trois époques différentes, la fille du chef Patpro relate inlassablement l’histoire des différentes formes de résistance que son peuple a imaginées pour protéger sa liberté, son mode de vie en symbiose avec la jungle, tandis que leurs terres sont progressivement rongées par le développement agricole, industriel et urbain.
En abordant l’histoire du point de vue d’une enfant, le spectateur est placé sous le signe de l’innocence, une innocence qui évoque celle que recherche le peuple Krahô dans son quotidien. Cette innocence toutefois, ne rime pas avec soumission. L’histoire des Krahô, empreinte de mythes animistes, est indissociable d’une lutte perpétuelle pour leur survie dans la jungle et, depuis le XVIème siècle, pour la défense de leur territoire face à l’arrivée des occidentaux.
Lueur d’espoir
Immergés en plein cœur de la forêt et du village, João Salaviza et Renée Nader Messora filment avec precisions le quotidien et les rites du peuple, tout en y intégrant une dimension narrative. C’est cette mise en scène qui donne une touche dramatique au récit et confère l’aspect d’un documentaire au film. Le chef Patpro y est présenté comme l’architecte politique du clan ainsi que son héros. Il ne cesse de mener le combat pour la protection de son peuple face aux assauts de la civilisation, une responsabilité qui ne fait qu’accentuer son prestige.
Ce processus en cours est visible à travers les moyens de communication et d’échanges instaurés entre les villages et les villes, les conflits intertribaux, mais aussi l’objectif commun qui pousse le chef Patpro à se manifester en plein centre des mégapoles brésiliennes. Dans le film, la Fleur de Buriti symbolise l’espoir pour les Krahôs, une symbolique que découvre Patpro alors qu’il exprime sa volonté de se mobiliser à Brasilia aux côtés d’autres tribus pour défendre leurs terres. Le sens symbolique de cette fleur sauvage transcende tout le message porté par ce film humaniste, engagé et militant.

Précisions techniques
Type de film : Documentaire-fiction
Réalisateurs : João Salaviza et Renée Nader Messora
Acteurs principaux: Ilda Patpro Krahô, Francisco Hỳjnõ Krahô, Solane Tehtikwỳj Krahô
Pays de production: :Brésil / Portugal
Longueur : :2h03
Date de sortie : :1er mai 2024
Distributeur : :Ad Vitam
Synopsis : : Chief Patpro traverse avec sa fille trois époques significatives de l’histoire de leur tribu indigène logée au cœur de la forêt brésilienne. Bénéficiant de l’appui de leurs rites ancestraux, leur amour de la nature et leur lutte incessante pour la conservation de leur liberté, les Krahôs ont constamment recherché de nouvelles manières de résister.