Un calme précaire est revenu en Nouvelle-Calédonie après le déploiement de centaines de forces de sécurité françaises pour mettre fin aux violentes manifestations sur le territoire insulaire du Pacifique déclenchées par l'opposition à une réforme constitutionnelle controversée. Alors que l'aéroport international reste fermé au trafic commercial, l'Australie et la Nouvelle-Zélande ont commencé à évacuer leurs nationaux à bord d'avions gouvernementaux.
« Le retour au calme se poursuit sur l'ensemble du territoire », a écrit le représentant de l'Etat français en Nouvelle-Calédonie, Louis Le Franc, dans un communiqué publié mardi, annonçant le déploiement de forces de sécurité supplémentaires.
Six personnes ont été tuées dans des violences déclenchées par des manifestants en colère contre une réforme constitutionnelle qui modifierait le droit de participer aux élections locales, ce qui, selon les dirigeants indépendantistes, diluerait la voix autochtone kanak.
Les émeutes et les pillages ont fermé les commerces et les barricades routières ont restreint l'accès à la nourriture et aux soins médicaux.
Le président Emmanuel Macron a noté des « progrès » vers le rétablissement de l’ordre public, après un conseil de défense lundi soir, au cours duquel il a décidé d’envoyer l’armée pour protéger les bâtiments publics.
Touristes bloqués
L'Australie et la Nouvelle-Zélande ont annoncé les premiers vols d'évacuation des touristes bloqués par les troubles, le principal aéroport international étant fermé au trafic commercial au moins jusqu'à jeudi.
La ministre australienne des Affaires étrangères, Penny Wong, a déclaré mardi que l'autorisation avait été reçue pour deux « vols de départ assistés par le gouvernement australien aujourd'hui pour permettre aux touristes australiens et autres de quitter la Nouvelle-Calédonie ».
Un avion des forces de défense néo-zélandaises a embarqué la « première tranche » de passagers, selon le ministre des Affaires étrangères Winston Peters, qui a déclaré que d'autres vols seraient envoyés dans les prochains jours.
Plus de 3 000 personnes seraient bloquées en Nouvelle-Calédonie.
Le Haut-commissariat de France en Nouvelle-Calédonie a demandé aux résidents français qui résident habituellement hors de Nouvelle-Calédonie d'enregistrer leurs coordonnées pour bénéficier d'une aide au retour chez eux.
Impasse sur la réforme constitutionnelle
À la suite du conseil de défense, la France a décidé de maintenir l’état d’urgence et de prolonger le couvre-feu nocturne en vigueur ainsi que l’interdiction des rassemblements et de l’utilisation de TikTok.
Le gouvernement a demandé aux Néo-Calédoniens de poursuivre les discussions sur la réforme constitutionnelle, mais les loyalistes affirment qu'ils ne négocieront pas tant que l'ordre n'aura pas été rétabli sur le territoire.
Ils refusent également d’envisager de suspendre la réforme, comme l’exigent les partis indépendantistes impliqués dans les manifestations.
Retirer la réforme justifierait « les fauteurs de troubles, les pilleurs et les émeutiers », a déclaré le député calédonien Nicolas Metzdorf, membre anti-indépendantiste du parti Renaissance de Macron, lors d'une conférence de presse à Nouméa.
(avec fils de presse)