Sélectionné pour la Semaine de la critique, le premier film en tant que réalisateur du Français Antoine Chevrollier a profondément ému les spectateurs à Cannes. « La Pampa » captive l’audience avec son excellente mise en scène, soutenue par un incroyable casting d’acteurs, en particulier les deux jeunes interprètes, qui sont d’un réalisme remarquable.
Certaines œuvres cinématographiques ont le pouvoir de vous émouvoir profondément. C’est notamment le cas de La Pampa, le premier long-métrage mis en scène par Antoine Chevrollier. Ancien réalisateur de différentes séries télévisées, dont Le Bureau des légendes, Oussekine ou encore Baron noir, il livre avec La Pampa un récit personnel des plus puissants, sublimé par le jeu convaincant d’acteurs pleinement investis. Le film a été diffusé pour la première fois le lundi 20 mai, lors de la Semaine de la critique.
Tandis que l’écran est encore plongé dans le noir, les spectateurs peuvent entendre les voix de jeunes garçons qui se provoquent amicalement, se défient et jouent avec le bruit des moteurs. Lorchestre concentré de ce concerto sonore est interrompu par une troublante effusion de lumière et l’exclamation d’un adolescent « Si tu n’y vas pas Jojo, tu le regretteras ! « . Le Jojo en question, certainement reconnu par son tee-shirt jaune et ses cheveux blonds décolorés, est un teméraire. Il monte sur sa moto et se lance avec détermination, malgré les réticences de Willy, son inséparable ami. Il doit réussir le défi lancé : franchir un stop à toute vitesse, situé à l’intersection d’une route départementale souvent fréquentée.
Le ton est donc donné. L’intrigue du film d’Antoine Chevrollier se déploie autour de personnages aux destinées qui s’entrecroisent dans un petit village du Maine-et-Loire. On y rencontre le fameux Jojo, interprété avec talent par Amaury Foucher, mais également son ami Willy, joué par Sayyid el Alami, déjà aperçu dans la série Oussekine.
Jojo est élevé et entraîné par son père (Damien Bonnard) et son coach (Artus, dans un rôle surprenant) pour participer au championnat de France de motocross sur le terrain du village, surnommé la Pampa. De son côté, Willy prépare sans grande motivation son baccalauréat. Jojo est énergique et avenant, alors que Willy, affecté par la mort prématurée de son père, est plus réservé. Malgré leurs différences, une forte amitié les unit depuis l’enfance. Une complicité qui ne faiblira pas même après que Willy découvrira le secret que Jojo tente de dissimuler, un secret qui ne tardera pas à faire scandale et à bouleverser le cours de leur vie.
Bien ancré dans une France de province, le film dépeint une communauté où toutes les classes sociales sont représentées et tous les habitants se côtoient. Au-delà de l’évolution de ces deux jeunes garçons, Antoine Chevrollier donne également une place prépondérante à d’autres personnages.
« J’apprecie l’idée de laisser une part de mystère concernant les personnages, un simple regard, une tenue vestimentaire peuvent en dire plus qu’un long discours. »
Antoine ChevrollierRéalisateur de « La Pampa »
Il y a notamment la mère de Willy, qui se démène pour élever ses deux enfants tout en s’occupant des personnes âgées du village. Et puis il y a Marina, une étudiante en Beaux-arts (interprétée par Léonie Dahan Lamort) de passage dans le village pour rendre visite à son père. L’expression de son désir d’évasion loin de cet environnement qu’elle juge trop « rétrograde, où rumeurs et fausses réputations ont la part belle, il faut s’ouvrir à l’autre », sera le déclencheur de la rupture scénaristique. Car dans cet univers régi par la domination masculine et les schémas traditionnels, l’homosexualité reste un sujet tabou.
Un film rempli de générosité
C’est dans son village natal de Longué-Jumelles, situé dans le Maine-et-Loire, qu’Antoine Chevrollier a décidé de situer l’action de son premier film. Il évoque avec émotion ce lieu, profondément ancré dans sa mémoire par ses sensations, ses bruits, ses aspects sonores et visuels mêlés, comme l’inspiration qui l’a poussé à imaginer ce récit, centré autour du terrain de moto-cross appelé « la Pampa ».
Bien que La Pampa soit basé sur des éléments de réalité, il ne s’agit pas d’un film autobiographique. Antoine Chevrollier insiste: « À son origine, La Pampa était un hommage aux personnes qui ont marqué mon enfance, mon adolescence. Je tenais à ce que ce film soit généreux, malgré le fait que la générosité soit souvent dépréciée dans le cinéma. Moi, je pense qu’il est important de créer du lien. »
La force de La Pampa repose également dans l’alternance entre les scènes silencieuses et celles de grande intensité dramatique. Grâce à de longs plans-séquences sur la Loire, sur la campagne, à travers la fenêtre d’un train, ou encore sur le terrain de motocross, Antoine Chevrollier parvient à transmettre de fortes émotions au public. Filmer sur les terres de son enfance dans la douceur angevine s’est révélé être un choix cinématographique judicieux.
Fiche technique
Genre : Drame
Réalisation : Antoine Chevrollier
Scénario : Antoine Chevrollier, Bérénice Bocquillon
Distribution : Sayyid El Alami, Amaury Foucher, Damien Bonnard, Artus, Léonie Dahan-Lamort, Florence Jarnas
Pays d’origine : France
Durée : 1h43
Date de sortie : En cours de programmation pour 2024
Synopsis : Les inséparables Willy et Jojo passent leur temps à s’entraîner au motocross sur le terrain de La Pampa de leur village. L’existence va prendre un tournant inattendu lorsque Willy découvre le secret de Jojo.