Alors que les campus universitaires en France fermaient leurs portes face aux manifestations pro-palestiniennes, les administrateurs de la prestigieuse université Sciences Po à Paris ont refusé d'accéder aux demandes de mettre fin aux partenariats avec les institutions israéliennes. Le ministre de l'Enseignement supérieur a demandé aux présidents d'université de réprimer les protestations en utilisant tous les moyens à leur disposition.
Lors d’un débat public de deux heures organisé jeudi à Sciences Po à Paris, les administrateurs ont refusé d’envisager de mettre fin à ses partenariats avec des entreprises ou des universités israéliennes, comme l’exigeaient les dirigeants de la contestation.
La célèbre université est devenue l’épicentre des manifestations étudiantes pro-palestiniennes en France, qui se sont propagées dans tout le pays.
Son campus de Lille a été fermé jeudi, tandis que l'accès à l'école de journalisme ESJ de la ville du nord a été limité.
Débat « difficile »
Le directeur par intérim de Sciences Po, Jean Bassères, a déclaré aux journalistes que le débat de l'université, auquel ont participé plus de 300 personnes, dont des étudiants, des professeurs et des employés, a été « difficile », avec « des prises de position fortes et beaucoup d'émotions ».
La mairie était l'une des conditions posées par les étudiants pour mettre fin à leur occupation du campus parisien la semaine dernière.
Bassères a déclaré que l'université mettait en avant son « intransigeance sur l'antisémitisme et la lutte contre le séparatisme ».
Préférant « donner la priorité au dialogue avec les étudiants », il a reconnu que refuser leur demande d'un groupe de travail pour repenser les liens de l'école avec les partenaires israéliens pourrait provoquer la colère de certains manifestants.
« J'appelle chacun à faire preuve de sens des responsabilités », a-t-il déclaré, exhortant les manifestants à ne pas perturber les examens qui doivent commencer la semaine prochaine.
La doyenne de l'École des affaires internationales de Science Po, Arancha Gonzalez, a déclaré que les partenariats avec les universités devraient être « les derniers ponts à couper », et que l'université dispose déjà de règles pour revoir les partenariats.
Les protestations continuent
Le mouvement de protestation se poursuivra dans les 74 campus de Sciences Po en France, a déclaré à France Info la porte-parole du syndicat étudiant de l'école, Eléonore Schmitt.
Les étudiants des universités parisiennes prévoient de tenir des réunions jeudi soir pour décider de l'avenir du mouvement, avec un appel à un rassemblement de masse au monument du Panthéon vendredi après-midi.
Plus tôt jeudi, la ministre de l'Enseignement supérieur Sylvie Retailleau a rencontré les présidents d'université et les a exhortés à maintenir l'ordre public en utilisant « les pouvoirs les plus étendus et les plus complets » dont ils disposent, selon l'agence de presse AFP.
Le ministère a déclaré que cette réunion avait pour but de rappeler que « les universités sont le bastion de la démocratie et du débat surveillé, neutre et non manipulable ».
(avec fils de presse)