La tribune exprime une indignation forte envers l’usage du théâtre et du cinéma comme paravents pour masquer des comportements abusifs totalement étrangers à la sphère artistique. Parmi les signataires de ce texte, on trouve notamment des figures emblématiques du monde de l’art comme Reda Kateb, Jacques Audiard et Thomas Jolly.
Mardi 30 avril, une lettre d’opinion à laquelle une centaine de personnalités du milieu culturel ont donné leur appui en faveur du mouvement #MeToo, a été mise en ligne sur le site web du magazine Elle. Michel Broué, un mathématicien et partenaire de Anouk Grinberg, est celui qui a lancé cette initiative, a révélé l’hebdomadaire. « En observant l’essor de la révolution #MeToo ces dernières années, nous avons pris conscience que des comportements de la part des hommes souvent considérés comme sans importance étaient perçus par les femmes pour ce qu’ils sont vraiment : des abus« , annoncent-ils dans le document.
On compte parmi les signataires, les acteurs Reda Kateb, Swann Arlaud, Mathieu Amalric, les cinéastes Jacques Audiard (dont le film Emilia Perez sera en lice à Cannes) et Emmanuel Mouret, les metteurs en scène Alain Françon, Thomas Jolly (qui est aussi directeur artistique des cérémonies des Jeux olympiques et paralympiques de Paris), l’historien Benjamin Stora et le journaliste Edwy Plenel.
« Un homme, ça pleure »
« Nous ne partageons pas l’opinion souvent exprimée que les hommes sont les cibles d’acharnements« , déclarent-ils. « Le principe de l’égalité est souhaitable, elle n’enfreint ni la liberté ni le plaisir, mais les amplifie ; elle sublime les relations« , ajoutent-ils. « Nous voulons rejeter cette masculinité dominante. L’idée par exemple de confiner la douceur et le soin au genre féminin est ridicule : un homme, ça pleure, un homme, ça aime, un homme, ça peut être bouleversé« .
Les signataires estiment que « c’est scandaleux que le théâtre et le cinéma soient utilisés pour camoufler des abus qui n’ont aucune relation avec l’art« . De plus, « c’est scandaleux d’exploiter son prestige, quel qu’il soit, pour abuser de l’admiration qu’il suscite« . Selon eux, le véritable enjeu est « d’épargner à plus de la moitié de la population mondiale des agressions flagrantes« .
L’industrie cinématographique est perturbée depuis de nombreux mois par des allégations d’agressions sexuelles qui se seraient produites sur une durée de plusieurs années. L’actrice Judith Godrèche est devenue une figure emblématique de ce mouvement, après avoir porté plainte début février contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon, pour des violences sexuelles et physiques qu’elle aurait subies à l’adolescence, violences que ces derniers nie.