Un deuxième gendarme a été tué par un « coup de feu accidentel » lors d'émeutes qui ont secoué la Nouvelle-Calédonie, territoire français d'outre-mer, où Paris a imposé l'état d'urgence. Cinq personnes sont mortes et des centaines d'autres ont été arrêtées au cours de quatre jours d'affrontements.
Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a déclaré à l'AFP que ce n'était « pas un tir hostile » qui avait tué le gendarme jeudi.
Cela survient un jour après la mort d'un gendarme de 22 ans, abattu dans le village côtier de Plum, au sud-ouest, et de trois jeunes indigènes Kanak.
Des centaines d'autres personnes ont été blessées lors des pires troubles que l'île du Pacifique ait connu depuis les années 1980.
Des habitants indépendantistes, majoritairement autochtones, protestent contre un projet français visant à imposer de nouvelles règles électorales qui augmenteraient le nombre de personnes éligibles pour participer aux élections.
Selon ce projet de loi, les résidents français résidant en Nouvelle-Calédonie depuis 10 ans seront autorisés à voter aux élections provinciales.
Les dirigeants indépendantistes craignent que cela dilue le vote kanak.
Renforts
La France envoie 500 forces de sécurité pour soutenir les 1 800 policiers et gendarmes déjà présents sur le territoire d'outre-mer.
Dans trois communes, les gendarmes ont affronté environ 5 000 émeutiers, dont entre 3 000 et 4 000 dans la capitale Nouméa, a déclaré le haut-commissaire français Louis Le Franc lors d'une conférence de presse télévisée.
Deux cents personnes ont été arrêtées et 64 gendarmes et policiers blessés, tandis que les barrages routiers érigés par les manifestants créent une « situation désastreuse » en matière de médicaments et de nourriture pour la population, a-t-il ajouté.
Les forces de sécurité ont placé cinq meneurs présumés en résidence surveillée, selon un communiqué du haut-commissariat qui représente l'État français en Nouvelle-Calédonie.
La France est en train d'établir un « pont aérien », a indiqué le haut-commissariat, pour acheminer rapidement des renforts de troupes et de police mais aussi pour acheminer des fournitures essentielles à la population.
Interdiction de TikTok
Le Premier ministre français Gabriel Attal a déclaré lors d'une réunion ministérielle de crise que des troupes avaient été déployées pour sécuriser les ports et l'aéroport international, fermé aux vols commerciaux.
TikTok a été interdit parce qu'il était utilisé par des émeutiers, a-t-il déclaré.
L'état d'urgence permet aux autorités d'imposer des interdictions de voyager, des assignations à résidence et des perquisitions.
Outre le couvre-feu nocturne, les rassemblements, le port d'armes et la vente d'alcool sont interdits.
(avec fils de presse)