La présentation des nouvelles productions cinématographiques de la semaine par Thierry Fiorile et Matteu Maestracci, notamment « Maria » réalisé par Jessica Palud et « Hors du temps », un film d’Olivier Assayas.
« Maria » dans le film de Jessica Palud fait référence à l’actrice Maria Schneider. Ses premiers pas au cinéma ont été réalisés à un jeune âge pendant les années 70, une expérience parsemée d’autant de joies que de peines. Le film est basé sur Tu t’appelais Maria Schneider, un livre rédigé par Vanessa Schneider, une journaliste au Monde et sa cousine.
La metteuse en scène Jessica Palud opte pour une approche chronologique. Quand Maria Schneider, encore adolescente, exprime à son père biologique, Daniel Gélin, son désir de s’engager dans le monde du cinéma, tout s’accélère : elle obtient son premier rôle à 17 ans et, deux ans plus tard, elle se trouve propulsée en tant qu’actrice principale dans le film controversé Dernier tango à Paris de Bernardo Bertolucci, en tandem avec Marlon Brando.
Une scène violente planifiée discrètement par les deux hommes, qui représente un viol, est filmée pour le grand écran. Cette scène a eu des conséquences dévastatrices sur sa vie personnelle et sur l’image publique de Maria pour le reste de sa carrière. Hormis son apparition marquante dans le chef-d’œuvre Profession reporter d’Antonioni, sa carrière a été chaotique et parsemée de difficultés. Maria Schneider a développé une dépendance à l’héroïne pendant de nombreuses années.
Malgré un aspect plutôt soigné, Maria brille par trois qualités. Premièrement, son caractère sobre est très plaisant. Deuxièmement, Anamaria Vartolomei offre une performance captivante dans le rôle principal. Troisièmement, le film contribue à sortir de l’ombre une vie qui est peut-être injustement négligée aujourd’hui, celle d’une des premières femmes à dénoncer publiquement les violences dans l’industrie du cinéma.
Hors du temps de Olivier Assayas
Il y a eu très peu de films sur le confinement, probablement parce qu’il est difficile de revenir sur cette période particulière. Néanmoins, Olivier Assayas ose s’aventurer sur ce terrain. Ainsi, le public est emmené pour une durée de 1h45 dans la vallée de Chevreuse, non loin de Paris, dans la résidence familiale des Assayas. Vincent Macaigne interprète Olivier, tandis que Micha Lescot joue Mishka, son frère, journaliste spécialisé dans la musique rock.
Situé dans un environnement paisible, le film met en scène deux frères et leurs compagnes pendant le confinement. Il dépeint la banalité de cette période : la préparation des repas, les achats, l’anxiété de l’un, l’indifférence de l’autre. Olivier Assayas assume pleinement ces aspects dans son film judicieusement intitulé Hors du temps.
Contre toute attente, le film ne nous déprime pas malgré son contexte de confinement. Au sein de ce huis clos familial, la relation complexe entre les deux frères devient l’enjeu central de l’intrigue. Vincent Macaigne offre une prestation très convaincante, au point d’imiter parfaitement le parler d’Olivier Assayas. Néanmoins, le réalisateur demeure centré sur son propre point de vue, ce qui est regrettable, car Micha Lescot, qui interprète son frère, aurait pu donner une autre dimension au film. Le film reste donc, ironiquement, confiné dans son propre univers.