Le 4ème film documentaire de l’artiste de rue et photographe, intitulé « Tehachapi », se réfère à l’établissement correctionnel à haute sécurité situé en Californie. C’est là que JR a recueilli les récits d’individus incarcérés dès leur jeunesse, qui ont reçu des sentences sévères pour des crimes commis pendant leur minorité.
Au lieu de proposer un nouveau film sur l’univers pénitentiaire, JR mène un voyage dans l’humanité. L’idée lui est venue d’Agnès Varda, avec qui il a co-réalisé Visages villages (2016). Tehachapi arrivera dans les cinémas le mercredi 12 juin 2024.
En tant qu’artiste, JR promeut le lien entre création et société, en se concentrant sur les aspects humains. Tehachapi illustre ce processus en action, ainsi que son résultat final.
Réintégration
En tant que photographe portraitiste, JR dévoile, dans Tehachapi, les intentions et la mise en œuvre d’un projet artistique qui visait à réaliser une fresque photographique de vingt-huit détenus, en les impliquant activement dans sa conception, notamment lors de son assemblage dans la cour de la prison. Le projet ne s’est pas arrêté là et s’est prolongé grâce à la publication en ligne des témoignages individuels de chaque détenu. Le terme qui ressort le plus souvent des propos recueillis par l’artiste est « changement ».
La réintégration de ces criminels, incarcérés pour homicide dans le contexte de guerres des gangs, est l’objectif principal de l’administration pénitentiaire de Tehachapi. Connue pour être l’une des prisons les plus violentes des États-Unis, elle est organisée autour de quatre niveaux de dangerosité pour les détenus. Comme le précise JR lui-même : « Sur les 28 détenus ayant participé au premier collage, seulement trois demeurent aujourd’hui en niveau de sécurité maximal. La moitié des autres a été transférée dans des niveaux de sécurité inférieurs, et l’autre moitié a été libérée, bien que certains aient été condamnés à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle. »
« Transformer des vies »
En écho à ces déclarations, JR affirme que « l’art ne peut sans doute pas changer le monde, mais je suis convaincu que l’art peut transformer des vies. » Tous les témoignages filmés rendent compte de la surprise des prisonniers de constater l’intérêt suscité par leurs histoires auprès des internautes. L’envie de changement exprimée par tous les participants se recoupe avec la démarche de JR, perçue comme une réponse opportune à leur recherche, comme si elle donnait une forme à leur quête.
Homme de l’image, JR prouve une fois de plus son habileté de cinéaste, choisissant un format scope (grand écran) pour filmer l’environnement carcéral, oppressant et confiné. Ce format large semble exprimer une forme de liberté. Le film vise à représenter l’espace de liberté créé par l’expérience artistique de JR dans cette cour de prison, et l’interaction qui s’est créée entre les détenus et les gardiens. Plus qu’un documentaire sur la prison de Tehachapi, JR nous parle d’hommes qui, sans exception, reconnaissent leurs erreurs et assument leur peine, tous engagés dans le chemin de leur rédemption. C’est une histoire profondément humaine.
Détails du film
Type : Documentaire
Réalisateur : JR
Pays : France / Suisse
Sortie : 12 juin 2024
Distributeur : MK2
Résumé : Les États-Unis, qui comptent 4,2% de la population mondiale, détiennent 20% des prisonniers à l’échelle planétaire. En octobre 2019, l’artiste JR reçoit l’autorisation exceptionnelle de réaliser une intervention artistique dans l’une des prisons de haute sécurité les plus violentes de Californie : Tehachapi. Certains des détenus y purgent des peines à perpétuité pour des crimes commis alors qu’ils étaient mineurs. Grâce à son projet de fresque, JR assemble les portraits et les histoires de ces hommes, offrant une nouvelle perspective sur l’univers carcéral et véhiculant un message d’espoir et de possible rédemption.