La France a lancé lundi deux semaines de campagne électorale frénétique pour des élections anticipées convoquées par le président Emmanuel Macron pour lutter contre l’extrême droite après que celle-ci ait réalisé de grands progrès lors du récent vote européen.
Les candidats avaient jusqu’à dimanche soir pour s’inscrire aux 577 sièges de l’Assemblée nationale qui seront disputés au premier tour des élections législatives le 30 juin et au second tour décisif le 7 juillet.
L’alliance centriste dirigée par Macron, qui a convoqué des élections anticipées trois ans plus tôt après que le Rassemblement national (RN) d’extrême droite a battu son parti aux élections législatives européennes du 9 juin, dispose désormais d’un peu moins de deux semaines de campagne pour combler l’écart.
Les premiers sondages donnaient le RN en tête avec plus de 30 pour cent, le groupe présidentiel arrivant en troisième position, derrière la nouvelle alliance de gauche du Front populaire avec 25 pour cent.
Le résultat du scrutin reste loin d’être clair, mais la perspective d’un RN à la tête du gouvernement et de son leader Jordan Bardella, 28 ans, comme Premier ministre, ne peut être exclu.
Les sondages suggèrent que le RN pourrait remporter jusqu’à 265 sièges – soit moins que la majorité absolue – mais cela conduirait à un parlement sans majorité suivi de semaines de formation complexe d’une coalition.
La star du football Kylian Mbappé, représentant la France à l’Euro 2024 en Allemagne, s’est déclaré dimanche « contre les extrêmes et les idées qui divisent » et a exhorté les jeunes à voter à un « moment crucial » de l’histoire de France.
Pression sur toutes les parties
Le peu de temps imparti pour faire campagne met la pression sur tous les partis.
Le RN n’a pas encore publié son manifeste complet, mais un dépliant d’une page des candidats présente les priorités telles que le coût de la vie, l’immigration et la sécurité. Le parti anti-immigration a promis de réduire la TVA sur l’électricité, le gaz et le pétrole, de réduire considérablement l’immigration légale et illégale et de privatiser la radio et la télévision publiques.
Une alliance de gauche, le Nouveau Front populaire, a réuni socialistes, Verts, communistes et d’extrême gauche de La France Insoumise (LFI). Il a promis de revenir sur la réforme contestée des retraites de Macron, ramenant l’âge légal de la retraite de 64 ans, de réintroduire un impôt sur la fortune pour réinvestir massivement dans les services publics et d’augmenter le salaire minimum.
L’alliance a été confrontée à sa première crise ce week-end après que certains députés éminents de LFI ont découvert qu’ils ne figuraient pas sur la liste définitive, suscitant des accusations de « purge ».
A droite, la décision d’Eric Ciotti, leader des Républicains (LR), de rechercher un pacte électoral avec le RN a provoqué la fureur au sein du parti et une décision de sa direction de le limoger. Un tribunal de Paris a bloqué cette décision vendredi.
Ils ont désormais présenté un candidat républicain contre Ciotti dans sa propre circonscription.
L’ancien président de droite Nicolas Sarkozy a déclaré au Journal du Dimanche journal que Ciotti aurait dû consulter la direction du parti sur la coalition et la soumettre au vote des membres.
Il a également remis en question la sagesse de soutenir Bardella au poste de Premier ministre. Bardella n’a « jamais été aux commandes de quoi que ce soit », a déclaré Sarkozy. « Pouvez-vous diriger la France quand vous êtes si jeune et inexpérimenté ? »
Des enjeux énormes pour Macron
Macron devrait revenir dans la campagne nationale après ses engagements à l’étranger lors du sommet du G7 en Italie et de la conférence de paix en Ukraine en Suisse.
Ses collègues au sein de son parti au pouvoir, Renaissance, lui ont conseillé de laisser le Premier ministre Gabriel Attal, 35 ans, bien plus populaire, prendre la tête de la campagne.
Attal a déclaré lundi que le camp présidentiel ne présenterait pas de candidats dans une soixantaine de circonscriptions, dont la Corrèze où se présente l’ancien président socialiste François Hollande. Il soutiendra d’autres candidats de droite ou de gauche, afin d’être « constructif », a déclaré Attal sur RTL.
Les enjeux sont énormes pour Macron et il risque de devenir un président boiteux jusqu’à l’expiration de son mandat en 2027. Quels que soient les résultats des sondages, il a exclu de se retirer.