Paris (AFP) – Pour abriter les milliers de soldats chargés d’assurer la sécurité des Jeux olympiques de Paris, la France construit à un rythme effréné le plus grand camp militaire que son continent ait connu depuis la Seconde Guerre mondiale.
Des rangées de casernes temporaires se sont dressées là où se trouvait autrefois un champ de foire dans l'est de Paris, des lits superposés verts de l'armée et d'immenses réfectoires pour 4 500 soldats remplaçant les manèges et la barbe à papa.
La construction du camp est tenue dans un délai record de 65 jours, les premiers soldats devant arriver le 3 juillet.
Treize jours plus tard, ils garderont la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de 2024 le long d’un tronçon de six kilomètres de la Seine – au centre de préoccupations persistantes en matière de sécurité.
« Nous sommes dans les temps », a insisté Denis Lesaffre de l'Economat des armées, partenaire logistique des armées qui gère les travaux.
Au total, 18 000 militaires seront présents pour assurer la sécurité des Jeux, qui se dérouleront du 26 juillet au 11 août.
Ils apporteront un soutien à 45 000 membres des forces de sécurité intérieure, de police et de gendarmerie, ainsi qu'à un certain nombre d'agents de sécurité privés allant de 18 000 à 22 000 par jour.
Même si sa taille peut être comparée aux camps construits à l'époque où les bottes nazies étaient encore présentes sur le sol français, ses commodités seraient plutôt étrangères aux soldats de l'époque.
« En 1945, nous construisions des camps de tentes », a expliqué à l'AFP le commissaire général Philippe Pourque.

« En 2024, c'est une structure permanente avec des équipements inimaginables il y a 50 ans : WiFi, climatisation », a déclaré Pourque.
De tels équipements étaient « essentiels pour garantir que nos soldats soient capables de se débrouiller » pendant les Jeux olympiques, a-t-il ajouté, qualifiant les normes de « presque supérieures à celles de nos déploiements sur nos théâtres d'opérations à l'étranger ».
Le dernier grand camp installé par les forces armées françaises ces dernières années se trouvait à Gao, au Mali.
Jusqu'à 2 000 hommes y ont été déployés en plein désert dans le cadre de l'opération antijihadiste Barkhane, avant leur départ en 2022.
Ville dans la ville
Ville dans la ville, le camp dispose de chambres pouvant accueillir jusqu'à 18 soldats, d'une plomberie reliée au réseau parisien et d'une salle d'haltérophilie, ainsi que de trois bars avec de la bière pression – mais pas d'alcool fort ni de vin.
La mission principale des militaires sera d'effectuer des patrouilles, parcourant une vingtaine de kilomètres à chaque sortie en transportant une vingtaine de kilos de matériel sur le dos.

En cas de crise, ils doivent être prêts à se déployer dans les 30 minutes.
Les plus grandes inquiétudes sont « la menace terroriste, les drones, et la menace contestataire, les cyberattaques », selon Christophe Abad, commandant militaire de la région parisienne.
Le camp porte le nom du caporal Alain Mimoun, qui s'est engagé dans l'armée à l'âge de 18 ans et est devenu l'un des plus grands athlètes français, remportant des médailles olympiques en 1948, 1952 et 1956 sur piste et au marathon.
A la demande des services du patrimoine et de l'environnement, le site de 10 hectares est clôturé et conçu pour se fondre dans le paysage.

Aucun bâtiment ne dépasse un étage en hauteur et chacun est en retrait d'au moins deux mètres des arbres protégés.
Même le design de la cantine reflète les pins, les hêtres et les châtaigniers environnants.
Répartie sur 5 000 mètres carrés, la cantine peut accueillir 2 100 soldats affamés qui consommeront des tonnes de nourriture au cours des Jeux olympiques.