Depuis les années 1980, la France profite des commémorations du Jour J pour réaffirmer son unité avec ses alliés. La célébration du 80e anniversaire de cette année se déroule dans un contexte géopolitique complexe.
Aux premières heures du 6 juin 1944, plus de 150 000 soldats américains, britanniques, canadiens et d'autres pays alliés débarquèrent sur cinq plages le long de la côte normande, lançant une invasion massive qui fut la première étape vers la libération de la France et de l'Europe occidentale. Occupation nazie.
Ce jeudi, des dizaines de chefs d'État assisteront à la commémoration officielle du 80e anniversaire de l'invasion, connue sous le nom de Débarquement.
Mais la guerre en cours en Ukraine et les prochaines élections européennes, où l'extrême droite devrait gagner du terrain en France, démentent les efforts du président Emmanuel Macron pour affirmer l'unité française face à l'adversité.
Toutes les générations réunies en Normandie pour honorer nos héros. Fier de vous rencontrer. pic.twitter.com/znMTFR26zA
-Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 5 juin 2024
La Russie n'est pas invitée
Macron accueille le président américain Joe Biden à Omaha Beach, aux côtés du roi Charles III de Grande-Bretagne et du chancelier allemand Olaf Scholz, dans une démonstration d'unité des puissances occidentales.
Il y a une absence notable : celle du président russe Vladimir Poutine.
Les années précédentes, la Russie avait été invitée aux commémorations pour reconnaître le rôle clé de l'Union soviétique dans la lutte contre les nazis.
Cependant, en raison de son invasion de l'Ukraine, la Russie n'a pas été invitée aux événements de cette année.
La présidence française a insisté sur le fait que la commémoration n'était pas politique, mais les mémoriaux ne peuvent éviter la politique, comme en témoigne la présence du président ukrainien Volodymyr Zelensky en Normandie.
Politique de commémoration
Avant 1984, les commémorations du jour J étaient une affaire militaire, mais pendant la guerre froide, le président François Mitterrand a invité des chefs d'État étrangers et en a fait un événement politique.
En tant que président, Macron s'investit pleinement dans les commémorations, marquant de nombreux événements de la Seconde Guerre mondiale depuis l'année dernière où il a honoré le chef de la résistance, Jean Moulin.
Lors de ces cérémonies, Macron a évoqué la capacité des Français à se rassembler dans les moments difficiles.
Il a poussé les mêmes idées d’unité lors des commémorations de la fin de la Première Guerre mondiale, en 2018 – message symbolique pour une population contemporaine divisée – avec un gouvernement incapable de trouver une majorité politique au parlement.
L'unité face à l'adversité
La résistance est un thème fort des commémorations françaises de la Seconde Guerre mondiale, car elle rassemble les gens, même si Macron a également évoqué la collaboration française avec l'occupation allemande.
« Souvions-nous aussi de ces Français, de leurs choix et de leurs erreurs », a-t-il déclaré mi-mai lors d'une cérémonie en l'honneur des résistants sur le plateau du Vercors, dans les Alpes.
« Ce n'était pas seulement une époque où les Français ne s'aimaient pas. C'était aussi une époque où certains Français n'aimaient pas la France. »
Les trois jours de commémorations du Débarquement seront suivis lundi d'une cérémonie marquant le massacre d'Oradour-sur-Glane.
En août, Macron présidera les commémorations de l’invasion alliée de la Provence le 15 août 1944, et de la libération de Paris quatre jours plus tard.