Au terme de cinq ans de lutte acharnée, marquée par des manifestations, des joutes politiques et diverses requêtes, le groupe « La Clef Revival » a finalement réussi à préserver le cinéma le plus indépendant de Paris.
« Nous l’avons fait, nous avons sauvé La Clef ». C’est ce que le groupe « La Clef Revival » a confirmé mercredi 19 juin lorsqu’il a finalisé l’acquisition du dernier cinéma associatif de la capitale française, qui était en danger de fermeture depuis de nombreuses années. Un total de 2,7 millions d’euros ont été nécessaires pour réaliser cette opération. La transaction a été finalisée le lundi précédent avec la Caisse d’Épargne, comme le groupe l’a déclaré lors d’une conférence de presse.
« Le bâtiment sera désormais la propriété de notre fondation à but non lucratif, Cinéma Revival », explique le communiqué de la clef Revival. « Sa mission principale sera de s’assurer que le cinéma La Clef reste toujours un endroit géré librement par ses utilisateurs, un cinéma indépendant et associatif à l’abri de tout acte de spéculation ».
« Tous ceux qui le souhaitent peuvent rejoindre notre groupe, apprendre comment organiser une projection et proposer un film », ajoutent les repreneurs. Ils ont réussi à conclure un accord avec le Centre National du Cinéma et de l’Image Animée (CNC) pour légaliser leur méthode innovante de séances à prix libre.
La structure organisationnelle complexe de cette opération est inspirée du modèle de l’économie coopérative. Elle met en place une société immobilière spécialisée et deux collectifs d’administrateurs. Elle vise à « éloigner définitivement le cinéma La Clef du marché immobilier » et à garantir son indépendance à long terme.
Le groupe ajoute : « C’est plutôt difficile à croire, vu la longueur du parcours ». Cette acquisition est le point final d’une saga de six années teintées de luttes pour préserver l’un des derniers lieux indépendants et alternatifs de la culture au cœur du Quartier Latin de Paris, qui était jusqu’alors propriété du Conseil Social et Économique (CSE) de la Caisse d’Épargne Île-de-France.
Le cinéma La Clef s’est distingué en offrant une visibilité à des réalisateurs africains, asiatiques et sud-américains, qui sont rarement programmés ailleurs. La salle aspire à rester un cinéma militant, unique en son genre et dédié à la diffusion de films rares.
Un cinéma qui fonctionne différemment
Des occupations, des batailles politiques, des pétitions, l’engagement des amis de La Clef, qui ont réussi à rassembler le monde du cinéma d’auteur français autour d’eux, a fini par porter ses fruits. Les anciens employés de la salle, soutenus par des amateurs de cinéma, ont mené la résistance, refusant à la fois la vente de la salle et finissant par l’occuper. Malgré les dissensions internes, les périodes de confinement, une expulsion policière et des procédures judiciaires, leur engagement a fini par l’emporter.
« Cinéma La Clef sera un espace où partager des idées, des films et des combats, où renouer constamment les liens entre les œuvres et l’époque actuelle, le cinéma et la politique », souligne le communiqué du groupe. « Nous sommes impatients de rouvrir ses portes très prochainement et d’accueillir à nouveau l’inspiration collective ».