Le président français Emmanuel Macron et son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier se rendront lundi dans le village d'Oradour-sur-Glane, où les troupes nazies ont assassiné plus de 600 civils en 1944. Le village du centre de la France est resté intact depuis pour rappeler cruauté en temps de guerre.
Les présidents français et allemand marqueront ensemble le 80e anniversaire du massacre, qui a vu les soldats SS tuer 643 personnes et réduire la majeure partie du village en ruines.
Peut-être en guise de punition pour le meurtre par la Résistance française d'un officier SS de haut rang, les troupes allemandes ont rassemblé tous ceux qu'elles pouvaient trouver. Ils ont abattu ou brûlé vifs des hommes, des femmes et des enfants, puis ont ravagé la majeure partie du village.
Steinmeier sera le deuxième chef d'Etat allemand à se rendre à Oradour, après un voyage historique de son prédécesseur Joachim Gauck en 2013.
Macron s’est déjà rendu sur place à trois reprises, la dernière fois en janvier 2022.
La plupart des présidents français d'après-guerre ont rendu hommage à Oradour, qui reste un puissant symbole des atrocités nazies.
Charles de Gaulle a déclaré que le « village martyr » ne devrait jamais être reconstruit, mais plutôt conservé comme un rappel permanent des horreurs de l'occupation nazie pour les générations futures.
Mais 80 ans plus tard, les bâtiments en ruine s'effondrent au point de devenir méconnaissables et les appels se multiplient en faveur d'un effort de conservation majeur.
« Tous les survivants sont partis, les seuls témoins du massacre sont ces pierres », a déclaré Agathe Hébras, dont le grand-père était l'une des six personnes à avoir échappé au massacre.
« Je suis profondément attachée à ces ruines, comme beaucoup de gens ici, nous ne pouvons pas les laisser dépérir », a-t-elle déclaré le mois dernier à l'AFP.
« Nous devons prendre soin d'eux du mieux que nous pouvons, le plus longtemps possible. »
Plaidoyer pour la préservation
Les 10 hectares de ruines, qui attirent quelque 300 000 visiteurs chaque année, appartiennent à l'État français et sont classées au patrimoine.
Depuis 1946, l'État consacre annuellement l'équivalent de 200 000 € à l'entretien.
En 2022, il a accepté de dépenser près de 500 000 € supplémentaires pour consolider l’église – où 451 femmes et enfants ont été abattus ou brûlés vifs.
Si Oradour doit encore être là dans 40 ans, il faudra y mettre de l'argent, a déclaré à 42mag.fr Benoît Sadry, responsable d'une association de familles des victimes du massacre, l'année dernière.
Lui et d'autres familles insistent sur le fait que l'ensemble du village doit être conservé et lancent une campagne de collecte de fonds publique sur le modèle de celle pour la cathédrale Notre-Dame.
Regardez le reportage de 42mag.fr d'Oradour-sur-Glane :
Mais ceux qui prônent la conservation affirment que la majeure partie de l’argent devra provenir du gouvernement. Les estimations évaluent le coût total de la préservation du site à environ 19 millions d'euros.
« Nous ne voulons pas ramener ce qui a été détruit », a déclaré à l'AFP Laetitia Morellet, directrice régionale adjointe au patrimoine et à l'architecture.
« Nous voulons préserver l'état de destruction, car c'est ce qui aide les gens à comprendre ce crime de guerre. »