L’affaire Dupont de Ligonnès, considérée comme l’une des plus importantes énigmes criminelles non élucidées de l’histoire française, a inspiré un grand nombre d’ouvrages et de documentaires, générant une variété de suppositions sur le sort de XDDL. « Les Pistolets en plastique », a été mis en lumière lors de la cérémonie de clôture de la Quinzaine des réalisateurs au festival de Cannes 2024.
Jonathan Cohen, Vincent Dedienne, Aymeric Lompret, Nora Hamzawi… Toutes ces grandes figures comiques françaises s’unissent pour produire ce qui sera probablement la comédie la plus dérangeante de l’année, basée sur l’affaire de Xavier Dupont de Ligonnès.
Cette personne, mise en cause pour cinq meurtres dans sa propre famille et disparu depuis 2011, revient sous les feux de la rampe non pas sous son vrai nom mais sous la forme d’un personnage de fiction dans Les Pistolets en plastique, un film dont la sortie est prévue pour le 26 juin. Ce film est dédié à ceux qui apprécient un humour noir et sans tabous, à la manière des dessinateurs de Charlie Hebdo.
Puisqu’il s’agit de l’une des plus grandes affaires criminelles non résolues en France, l’histoire de la disparition de « XDDL » suscite toujours une forte curiosité. De nombreux livres et documentaires ont entretenu cette fascination, et c’est également le filon que le film exploite.
De grands comiques français apparaissent dans le film, la plupart dans des scènes brefs mais hilarantes. Cependant, le rôle principal est assuré par Charlotte Laemmel et Delphine Baril. Elles incarnent deux « enquêtrices du web » qui se sont auto-proclamées expertes dans la traque du personnage renommé Pierre Bernardin dans le film.
Un rôle crucial pour Laurent Stocker
Dans leurs rôles comiques à la Deschiens, les deux actrices sont formidables. Il faut noter qu’elles font partie du groupe théâtral des Chiens de Navarre, reconnu pour ses improvisations et son sens de l’humour trash, suivant les pas de son fondateur, le réalisateur du film Jean-Christophe Meurisse.
Selon le réalisateur, il est nécessaire de rire de tout. Pour lui, le rire est quelque chose de précieux, c’est une force brute, un signe de notre intelligence. Il revendique être un disciple des magazines Fluide Glacial, Hara Kiri et Charlie Hebdo, capables de transformer nos erreurs et nos absurdités en humour.
Laurent Stocker joue un rôle essentiel dans cette comédie souvent sans pitié, où, comme dans la réalité, le meurtrier reste insaisissable.
Les policiers, les enquêteurs, et les profileurs sont la cible de moquerie dans cette enquête qui conduit à l’arrestation par les autorités danoises d’un grand fan de musique country (joué par Gaëtan Peau), qui pourrait être le vrai tueur.
« La résurrection de l’humour »
Le film démontre que la réalité peut être parfois plus absurde que la fiction. Le scénario du film a d’ailleurs été influencé par l’arrestation hautement médiatisée et cauchemardesque de Guy Joao, un retraité français, par la police écossaise à Glasgow en 2019. Ce dernier est décédé en 2021 après avoir été confondu avec « XDDL », placé en isolement et ayant dû attendre 26 longues heures pour être finalement innocenté.
Jean-Christophe Meurisse, le réalisateur, considérait cette tragédie absurde comme un point de départ parfait pour une comédie. Il voulait faire quelque chose d’émotionnel sur le symbole qu’a devenu ce tueur.
Dans un effort pour rester fidèle à l’histoire sur laquelle il est basé, le film Les Pistolets en plastique n’hésite à dépeindre l’assassinat de la femme et des enfants du fugitif, une scène qui pourrait choquer étant donné les références claires à des faits réels.
Même s’il est destiné à tous les publics, le film comporte un avertissement dû à cette scène de violence extrême qui pourrait heurter les spectateurs sensibles.
Le réalisateur justifie cette décision en expliquant que comme l’histoire est inspirée de celle de Dupont de Ligonnès, il considérait nécessaire de montrer précisément le massacre pour démontrer que le suspect, qui fascinait le public, était en réalité un tueur qui a assassiné ses propres enfants pendant qu’ils dormaient.
« L’avenir de l’humour pourrait revenir grâce à l’internet »
Xavier Dupont de Ligonnès est suspecté d’avoir tué sa femme et ses quatre enfants en avril 2011. Leurs corps ont été retrouvés à Nantes sous la terrasse de leur maison familiale. Quant au suspect, il n’a jamais été trouvé. L’enquête n’a pas été en mesure de déterminer s’il était mort ou toujours en cavale.
En ce moment où l’on peut rire de tout, ce film sort alors qu’Aymeric Lompret, l’un de ses acteurs, a décidé de quitter France Inter en solidarité avec Guillaume Meurice, renvoyé par la station.
Jean-Christophe Meurisse note que nous traversons une période très difficile et estime qu’il est dangereux d’interdire aux humoristes de nous faire rire. Pour lui, cela pourrait annoncer le début d’une société en déclin.
Cependant, Aymeric Lompret est convaincu que l’humour n’est pas en danger, et que l’avènement d’internet offre une bouée de sauvetage. Selon lui, grâce à internet, tout le monde a la possibilité de partager du contenu humoristique. « Internet va sauver l’humour », affirme-t-il sans préciser ses projets pour la rentrée prochaine.