Le syndicat SAG-AFTRA a amorcé une initiative, vendredi, visant plusieurs grandes entreprises de l’industrie. Les artistes réclament l’instauration de mesures de protection pour prévenir l’exploitation de leurs voix ou de leurs gestes par l’intelligence artificielle.
Après s’être vigoureusement opposé aux studios de cinéma américains, le syndicat influent des acteurs, SAG-AFTRA, s’en prend maintenant aux mastodontes de l’industrie du jeu vidéo. Le vendredi 26 juillet, ils ont déclenché une grève contre plusieurs grandes entreprises de ce secteur, qui génère annuellement une somme colossale de plus de 100 milliards de dollars. Le fond du problème ? L’intelligence artificielle (IA), comme lors des grèves qui avaient paralysé Hollywood l’année précédente.
Les exigences des acteurs de jeux vidéo sont proches de celles exprimées en 2023 : ils réclament des protections pour garantir que l’utilisation de leurs voix et mouvements par l’IA se fasse avec leur accord, et en échange d’une compensation juste.
Les négociations, mettant en scène des géants comme Activision, Disney, Electronic Arts et Warner Bros Games, concernent environ 2 600 artistes spécialisés dans le doublage de jeux vidéo, ainsi que ceux dont les mouvements sont capturés pour animer des personnages virtuels.
La vision des acteurs « réduits à des données »
Ray Rodriguez, qui a dirigé les discussions pour le syndicat, a expliqué à l’AFP que les développeurs de jeux vidéo considèrent souvent les acteurs comme de simples « données ». Il a déclaré lors du Comic-Con à San Diego, en Californie, que cette tendance découle du fait que ces entreprises se perçoivent avant tout comme des compagnies technologiques. Cette autoperception occasionne une « réticence à reconnaître la valeur des performances artistiques » qu’elles obtiennent. Pourtant, comme il l’a souligné, elles bénéficient de « performances nuancées, enracinées dans la psychologie du personnage et les circonstances entourant l’action ».
Sarah Elmaleh, présidente du comité de négociation de SAG-AFTRA, a indiqué que les mastodontes de l’industrie ont fait une offre, mais ils cherchent à tirer parti des « lacunes » dans les lois et les technologies actuelles. L’intelligence artificielle dite générative ne se contente pas de reproduire des acteurs existants, mais peut aussi créer de nouvelles voix et mouvements à partir de l’agrégation d’enregistrements de plusieurs comédiens.