C’est l’histoire d’un flic noir qui est parvenu à infiltrer la plus grande organisation suprématiste blanche des Etats-Unis.
En 1972, Ron Stallworth quitte El Paso pour rejoindre Colorado Springs. Profitant du nouveau programme de recrutement de la police qui visait à privilégier les minorités, il devint rapidement le premier agent de police noir de Colorado Springs. Seulement, faire le mouton en uniforme, c’était pas son truc. Il voulait avoir la barbe et les cheveux longs tout en portant une arme et un badge.
Il participe à sa première mission en civil lors de la venue de Stokely Carmichael, le leader des Black Panthers. Sa mission était alors d’infiltrer la boîte de nuit qui recevait Stokely, un club réservé aux noirs. Pour Ron, qui voulait travailler sur ce genre de missions, c’était l’occasion rêvée. La soirée fût troublante pour lui. D’un côté, il était sensible à la rhétorique de Stokely – en tant que Noir, il ne pouvait que trouver du sens à ce qu’il disait – et de l’autre, son devoir de flic lui imposait de garder les pieds sur terre. Finalement, la soirée se passa bien, et il trouva satisfaction à aller serrer la main de celui qui fut un héro pour toute une communauté.
Plus tard, alors qu’il venait d’être assigné au service des renseignements du commissariat, il tomba par hasard sur une annonce du Ku Klux Klan. L’idée lui vint alors d’y répondre en envoyant une lettre à l’adresse indiquée. Il y faisait part de sa haine envers les nègres, les youpins, les latinos, les jaunes et les ritals, tout en affirmant vouloir faire quelque chose pour préserver la « suprématie blanche ». Tout était parfaitement rôdé. Seul problème : il signa la lettre avec son véritable nom ! Cela ne sembla pourtant pas lui porter préjudice puisque une semaine plus tard, il reçu un appel du responsable local du Ku Klux Klan. L’homme lui demanda quelles étaient ses motivations à rejoindre l’organisation, et Ron répondit en réaffirmant sa haine des nègres, en essayant de paraître le plus convaincant possible. Le boniment fonctionna, et il pu ainsi démarrer son enquête au sein même de l’organisation, qui ne se doutait de rien.
Bien entendu, il ne pouvait pas se rendre aux réunions du clan en personne. Un enquêteur blanc de la brigade des stups – Chuck – lui servait alors d’intermédiaire, pendant que Ron poursuivait son enquête par téléphone. L’illusion était difficile à maintenir, car il fallait que tout concorde parfaitement. Surtout que Ron et Chuck avaient des voix très différentes. En 7 mois d’enquête, on ne lui demanda qu’une seule fois pourquoi sa voix était si différente au téléphone. Lorsqu’un jour, le responsable local demanda à Ron au téléphone « Ta voix est bizarre, qu’est-ce qui se passe ? », il répondit simplement qu’il avait une sinusite. « Ah ! J’en ai tout le temps. Tu sais ce qu’il faut faire pour que ça passe rapidement ? » répliqua l’homme dupé.
Finalement, son enquête pris fin le jour où le chef lui assigna la mission d’aller s’occuper de la sécurité de David Duke, le Grand Wizard du clan, qui se déplaçait à Colorado Springs. Ron était terrorisé à l’idée que quelqu’un reconnaisse sa voix. Face au comique de la situation (un noir qui doit s’occuper de la sécurité du plus grand raciste d’Amérique), il lui dit : « M. Duke, personne ne me croira si je leur raconte que j’ai dû être votre garde du corps. Vous permettez que je prenne une photo ? ». L’homme accepta. Mais au moment de la photo, Ron se glissa dans le cadre et passa son bras autour de Duke. Celui-ci, furieux, tenta de s’emparer de l’appareil. « Touchez-moi, et je vous arrête pour agression sur un agent de police. ». L’homme s’arrêta net. Ron contrôlait désormais le destin de Duke, qui compris à cet instant ce que c’était d’être à la merci d’un noir. Belle revanche.