Dimanche, Emmanuel Macron a commencé ses vacances annuelles au fort de Brégançon, situé sur la côte du Var. Cela permet à Gabriel Attal, le Premier ministre démissionnaire, de prendre toute la place dans les médias.
Emmanuel Macron est arrivé le dimanche 28 juillet à Brégançon pour une courte période de vacances, offrant ainsi au Premier ministre démissionnaire l’opportunité de diriger les affaires courantes à sa manière, souvent très en vue. Gabriel Attal fait penser à Shiva, cette divinité hindoue dotée de quatre bras. Un bras pour le tambour (qui établit le rythme), un autre qui protège, un troisième tenant la flamme (pour détruire ce qui doit l’être), et le dernier symbolisant l’espoir de libération.
En termes de rythme, ces derniers jours, le Premier ministre démissionnaire ne se ménage pas. Il passe de la performance de Léon Marchand à la piscine olympique à la finale du sabre, sans oublier le canoë avec Tony Estanguet pour la médaille de Nicolas Gestin. Il est même présent pour l’équitation et la gymnastique, même quand il n’y a pas de représentants français. « Les médailles unissent les Français, et ils en ont grand besoin », insiste-t-il avec une touche protectrice lors d’une conférence de presse au ministère des Transports. Regardez bien ! Il condamne les sabotages à la SNCF, conseille de bien s’hydrater face aux fortes chaleurs, et ravive l’espoir d’une Seine baignable pour le triathlon en se basant sur les prévisions météorologiques des jours à venir. Et ça ne s’arrête pas là. Mercredi après-midi à 14h30, une réunion sur les JO avec tous les ministres en exercice est prévue. Devinez qui s’exprimera à la sortie : évidemment, lui.
Bien que le fait qu’un Premier ministre prenne des initiatives en l’absence du Président ne soit pas rare, cet exercice peut être délicat. En août 1994, Édouard Balladur avait été critiqué pour s’être vanté de « présider » un conseil de Défense, alors qu’il suppléait simplement François Mitterrand, malade, qui avait décidé à la dernière minute de ne pas y assister. S’imaginer Calife à la place du Calife n’est jamais vraiment sage. Des personnalités comme Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur face au Président Jacques Chirac, ou Manuel Valls imaginant surpasser François Hollande, en avaient fait les frais.
Les enjeux du « pacte d’action »
Dans ce contexte, Gabriel Attal n’a plus grand chose à perdre vu qu’il est démissionnaire. Le Président, ne l’ayant pas inclus dans les discussions concernant la dissolution, l’a libéré de son devoir de loyauté. « Attention tout de même, prévient un conseiller centriste, à ne pas paraître trop revanchard ou calculateur ». Cela tombe bien, le « pacte d’action » qu’il a présenté mardi aux députés macronistes (dont il est désormais le leader) pourra toujours servir de preuve de bonne foi auprès du Président, quelle que soit la coalition envisagée ! Un peu de sécurité et de valeurs pour Les Républicains, des services publics et de l’écologie pour la gauche, de l’Europe et des institutions pour les macronistes, et un concept qui résonne comme une réplique à la candidate du Nouveau Front populaire, Lucie Castet : la « justice fiscale » !
D’après plusieurs sources, Gabriel Attal aurait déjà le soutien d’une partie des conseillers de l’Élysée, déçus par la dissolution et persuadés que leur avenir se joue avec lui. Peut-être Emmanuel Macron ferait-il bien de refaire surface à la piscine olympique ce soir, histoire de ne pas laisser tout le terrain libre…