Marion Maréchal et la Conférence des évêques de France (CEF) ont manifesté une certaine exaspération face à certaines séquences de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris. Cependant, cette irritation n’a été reprise ni par Marine Le Pen ni par Jordan Bardella, qui n’ont pas émis de commentaire défavorable.
La récente polémique concernant la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques a provoqué des réactions vives au sein d’une partie de la droite, de l’extrême droite, et de l’église catholique. Toutefois, deux figures politiques ont étonnamment brillé par leur silence : Marine Le Pen et Jordan Bardella. Devrait-on être surpris par cette absence de réaction ? Ce qui est certain, c’est que cela contraste nettement avec les propos enflammés de Marion Maréchal qui dès 21h14, le vendredi 26 juillet, a exprimé son indignation sur X en regardant l’événement avec ses enfants : « le trouple qui s’embrasse, les drag queens, l’humiliation de la garde républicaine obligée de danser avec Aya Nakamura… « . Son message a été vu 14 millions de fois !
De nombreux autres critiques, des Républicains à Philippe de Villiers et même de l’église catholique, ont considéré la cérémonie comme une profanation de la Cène du Christ. Néanmoins, du côté de Marine Le Pen et Jordan Bardella, on observe un silence notable, bien qu’ils soient habituellement très loquaces sur les succès des athlètes français.
Cependant, ce silence n’est pas si étonnant. Une source proche de Marine Le Pen explique que des hommes qui s’embrassent ne constituent pas un sujet de débat pour elle. Un trouple ? Peu importe. La présidente du groupe à l’Assemblée nationale a toujours prôné la liberté individuelle sur les questions sociétales. En mars, lors du vote sur la constitutionnalisation de l’IVG, elle a voté en faveur, tout en permettant à 24 députés RN de voter contre.
L’évolution vers la dédiabolisation
S’agit-il d’une stratégie soigneusement orchestrée ou de convictions personnelles ? On peut dire que c’est avant tout une évolution qui s’inscrit dans le processus de « dédiabolisation ». En 2014, lorsque le mariage pour tous a été adopté, Marine Le Pen promettait de le supprimer. Aujourd’hui, elle ne tient plus ce discours. En 2010 déjà, Marine Le Pen faisait grincer des dents les anciens cadres du FN, y compris son père, en déclarant : « dans certains quartiers, il ne fait pas bon être femme, ni homosexuel, ni juif… ni même français ou blanc. » Pour le sociologue Éric Fassin, la question nationale et raciale se « transforme en question de genre et de sexualité ». Le discours devient : “Nous” traitons bien nos femmes et nos homosexuels, contrairement à “eux”, les étrangers.
Jordan Bardella, qui dirige aujourd’hui le RN, semble plus conservateur. A-t-il été prié de ne pas s’exprimer cette fois-ci ? Difficile à dire. Un sondage IFOP pour Têtu avant l’élection présidentielle de 2022 montrait que l’électorat LGBT du RN était supérieur à la moyenne nationale. Emmanuel Macron arrivait en tête avec 22 % des suffrages, suivi de près par Marine Le Pen avec 17 %, tandis qu’Anne Hidalgo du PS plafonnait à 4 %. En Europe, d’autres leaders tels que Geert Wilders aux Pays-Bas prennent souvent position en faveur des droits des homosexuels pour renforcer leur discours anti-musulman. Cette fois, toutefois, la cérémonie d’ouverture a suscité sa colère. Tout cela rend le silence de Le Pen et Bardella d’autant plus notable.