La police française a dispersé des manifestants du port de La Rochelle, dans l’ouest du pays, avec des gaz lacrymogènes ce samedi, alors que des écologistes et des petits agriculteurs se mobilisaient contre d’énormes réservoirs d’irrigation en construction.
Environ 200 personnes étaient entrées à l’aube dans le terminal portuaire de La Pallice, dont des agriculteurs avec de vieux tracteurs, organisant une fête de rue avec musique et boissons devant les installations d’un important négociant en céréales.
Plus d’une dizaine de fourgons de police et un véhicule blindé les ont repoussés dans la matinée dans un nuage de gaz lacrymogène, tandis que d’autres véhicules de police bloquaient l’accès au port.
La manifestation dans la ville de la côte atlantique française avait pour but de montrer que les nouveaux « réservoirs ne sont pas construits pour produire de la nourriture localement, mais pour alimenter les marchés internationaux », a déclaré Julien Le Guet, porte-parole du mouvement. Bassines Non Merci Mouvement (Réservoirs, non merci).
Les militants affirment que les réservoirs, qui doivent être remplis à partir des aquifères en hiver pour permettre l’irrigation en été, ne profitent qu’aux grands agriculteurs au détriment des petites exploitations et de l’environnement.
Plusieurs dizaines de centrales sont en construction dans l’ouest de la France, sans lesquelles les exploitations agricoles risquent de disparaître à cause des sécheresses à répétition, selon leurs promoteurs.
Les manifestations deviennent plus violentes
L’année dernière, des affrontements massifs entre des milliers de manifestants et la police à Sainte-Soline, à environ 90 kilomètres à l’intérieur des terres de La Rochelle, ont laissé deux manifestants dans le coma et blessé 30 policiers.
La Cour suprême française a par la suite annulé une tentative gouvernementale d’interdiction de Soulevements de la Terre (Insurrections de la Terre) groupe impliqué dans l’organisation des manifestations.
Tout au long de cette semaine, plus de 3 000 policiers ont été déployés autour d’un camp de protestation du « Village de l’eau » à Melle, à quelques kilomètres de Sainte-Soline, les autorités mettant en garde contre un risque de « grande violence ».
Les organisateurs de deux marches organisées samedi à La Rochelle même, interdites par les autorités de la ville, ont déclaré avoir rassemblé environ 6 000 personnes, dont 3 500 selon la police.
« De nombreux individus sont équipés de cagoules et de masques de protection », a indiqué une source policière à l’AFP, tandis que la préfecture locale a prévenu que « plusieurs centaines d’individus radicaux » étaient sur les lieux.
Des abribus, un bureau d’assurance et un supermarché ont été endommagés et cinq personnes ont été interpellées en début d’après-midi.
La réaction des forces de l’ordre a été « totalement disproportionnée », a déclaré Agnès Denis, venue de Dijon, dans l’est de la France, pour rejoindre la manifestation avec son compagnon.
« Il faut que la voix des gens soit entendue, car si cela s’arrête à chaque fois, nous allons nous retrouver avec une bagarre, et ce n’est pas pour cela que nous sommes là », a-t-elle ajouté.