Bunker parano : « Taker Shelter ». A travers ce récit, Jeff NICHOLS signe une métaphore des inquiétudes de l’Amérique d’aujourd’hui.
« Toi ta vie, elle est bien »
Take Shelter s’ouvre sur une vision idéale du modèle américain : une famille, un bon travail, une grande maison, des voitures… Curtis LAFORCHE (Michael Shannon) mène en effet une vie paisible dans une banlieue calme de l’Ohio avec sa femme (Jessica Chastain) et sa fille. Mais la peur prend peu à peu possession de lui.
Curtis va-t-il finir par la vaincre ?
Tout en présentant un aspect psychologique pertinent du personnage, le film traite du rapport entre l’Homme et son environnement. En effet, LAFORCHE représente les charges qui pèsent sur l’individu moyen d’aujourd’hui : la crise financière, le handicap, la pollution… Et c’est cette peur quotidienne qui a poussé Jeff NICHOLS à écrire le scénario. ‘’ Durant l’été 2008, lorsque j’ai commencé à écrire Take Shelter, je venais de me marier. J’étais comblé, professionnellement et personnellement, mais j’avais pourtant le sentiment que le monde s’acheminait vers des temps difficiles. Cette angoisse lancinante était certainement due à la crise économique mais pas seulement. J’avais, dans ma vie, des êtres et des choses que je ne voulais pas perdre. ‘’
Le survivalisme
La surprenante histoire de Curtis vire du rêve au cauchemar. La menace d’une tempête l’obsède. Son comportement inexplicable fragilise son couple et provoque l’incompréhension de ses proches. Rien ne peut vaincre la terreur qui l’habite. Il entreprend alors de protéger sa famille d’une fin du monde qu’il rêve. Ce fantasme de la sécurité l’envahit au point de construire un abri anti-atomique dont rien ne le fera dévier.
Rêve paranoïaque ou prémonitoire ?
Take Shelter questionne donc un thème, aujourd’hui d’actualité, le danger atmosphérique et climatique face au dérèglement écologique. Aux États-Unis, la perspective du pire est devenue une passion, des milliers de personnes fomentent une sous-culture de plus en plus importante : ‘’ les survivalistes ‘’. Triomphe du principe de précaution sur la société, poussé à son paroxysme, la figure du survivaliste est convaincue que le système tel qu’il existe aujourd’hui ne durera pas et que sa fin est brutale…
Malgré tout, l’entrée dans la folie de ce Nord Américain ne rend pas ses hallucinations incompatibles avec la réalité, le cinéaste s’applique parfaitement à nourrir le doute. La toute la puissance de Take Shelter vient de là…