Aucun groupe ne paraît disposé à s’allier avec le Nouveau Front populaire tant que les insoumis en font partie. Cela soulève donc une interrogation croissante : qui est prêt à se séparer de LFI ?
Alors que Lucie Castets, la candidate du Nouveau Front populaire, mène une campagne intensive pour installer la gauche à Matignon, il paraissait évident lundi 29 juillet qu’Emmanuel Macron n’enverrait pas le Nouveau Front populaire à Matignon… tant que les insoumis font partie de la coalition. Même si cette éventualité se produisait, ni les partis de droite, ni ceux du centre, ni les partisans de Macron ne les soutiendraient à l’Assemblée nationale. Un tel gouvernement ne survivrait pas à une première motion de censure. Que ce soit justifié ou non, c’est un constat que l’on a pu observer durant la campagne législative : La France Insoumise inquiète autant, sinon plus, que le Rassemblement National. Les déclarations, par exemple, de Thomas Porte qui demande l’exclusion des sportifs israéliens des Jeux, ne facilitent pas la situation. Au sein même de La France Insoumise, cinq députés frondeurs, Clémentine Autain, Alexis Corbière, Hendrik Davi, François Ruffin et Danièle Simonnet, ont déjà pris leurs distances et vont siéger avec les écologistes. Chez leurs alliés, PS, PC et verts, l’unité semblait tenir jusqu’à maintenant, mais des fissures commencent à apparaître.
Ce sont en réalité les vieilles querelles de la gauche qui refont surface. Les tensions historiques entre écologistes et socialistes n’ont pas disparu. Un dirigeant de EELV va jusqu’à parler de véritable « phobie ». Dans chaque région, il y a des écologistes traumatisés par l’attitude désobligeante d’un maire socialiste dans le passé. Même ceux qui sont les plus critiques envers l’ambiguïté des insoumis sur l’affaire du Hamas du 7 octobre veulent maintenir l’unité, car cela les protège des socialistes. Pour le PS, le traumatisme remonte au quinquennat Hollande. « Vous ne pouvez imaginer le sentiment de trahison qui persiste chez nos militants », dit une figure du PS qui prône un retour aux valeurs de gauche, donc rester avec les insoumis. Cela ne signifie pas que tout le monde au PS adhère à un programme radical. Ces divisions ont éclaté au grand jour jeudi, lors d’un conseil national extraordinaire. Les détracteurs d’Olivier Faure s’inquiètent de la campagne active de Lucie Castets pour Matignon, avec ses positions tranchées. Il lui est reproché de ne pas avoir pris ses distances de manière claire avec Thomas Portes sur la question des sportifs israéliens.
La tentation de la proportionnelle
Pendant cette période, les négociations continuent même en marge des événements olympiques, où l’on aperçoit socialistes et macronistes en pleine discussion. Des appels discrets d’Élisabeth Borne à sa famille politique d’origine se font entendre. Certains écologistes participent également à ces échanges. Un groupe What’sApp « œcuménique » a même été créé, comprenant des figures telles qu’Agnès Panier Runacher. Une idée refait surface avec insistance : qu’Emmanuel Macron annonce l’introduction de la proportionnelle pour les prochaines élections. C’était une promesse de sa campagne de 2017. Cela libérerait toutes les forces politiques qui n’auraient plus à s’entendre avec les insoumis aux prochaines élections. Naturellement, pour Macron, le risque serait de voir le PS répéter le succès de Raphael Glucksman aux Européennes. Le pouvoir de décision semble résider, comme toujours, du côté de l’Élysée ?