Paris (AFP) – Le concept avait été critiqué comme trop ambitieux et le lieu d’accueil critiqué comme un risque sécuritaire majeur. Mais après des années de préparation, la France pouvait pousser un soupir de soulagement samedi : elle avait réussi à organiser la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024.
Opter pour une cérémonie sur les eaux de la Seine plutôt que l’option classique d’un stade était un geste théâtral typique du président Emmanuel Macron mais qui comportait des risques considérables.
La journée n’a pas été idéale. Elle a commencé avec l’annonce de trois attaques sur les infrastructures de signalisation du réseau ferroviaire français, qui vont perturber les déplacements dans les prochains jours et laissent entrevoir la possibilité d’une tentative coordonnée d’individus jusqu’ici inconnus de perturber le bon déroulement des Jeux.
Pendant ce temps, la météo conspirait contre les organisateurs et les spectateurs, avec un déluge inhabituel pour la saison trempant les artistes, les athlètes et les spectateurs protégés par rien d’autre que des ponchos en plastique.
Mais le spectacle a continué.
Le spectacle a duré quatre heures, un marathon qui a atteint son apogée avec un point culminant spectaculaire lorsque la flamme olympique s’est envolée dans le ciel à bord d’un chaudron attaché à un ballon et que Céline Dion a fait une sérénade à Paris avec une chanson d’Edith Piaf depuis la Tour Eiffel.
Le spectacle éclectique proposé par le metteur en scène Thomas Jolly n’était pas du goût de tout le monde. Le Times de Londres on l’a qualifié de « surréaliste » et de « pétard mouillé », mais personne ne pouvait douter de son originalité et de son audace.
Et surtout, l’événement de masse s’est déroulé sans incident. Parisiens et visiteurs pourront à nouveau profiter de la majeure partie de la ville sans brandir de QR codes pour franchir les barrières de police mises en place pour l’événement qui avaient mis une grande partie des quais du fleuve en sécurité ces derniers jours.
«Avec des sabotages d’installations ferroviaires le matin et des pluies torrentielles le soir, la journée d’ouverture des JO a été chaotique mais s’est terminée par une cérémonie grandiose qui a brisé toutes les règles», a déclaré le quotidien. Libération écrit sur la première page de son édition du samedi.
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« Génie créatif »
Les images de tireurs d’élite de la police déployés sur les toits rappellent cruellement la menace sécuritaire constante à laquelle est confrontée la France, frappée par une vague d’attaques d’extrémistes islamistes depuis 2015.
La cérémonie a également marqué un coup de pouce pour Macron après deux mois turbulents qui l’ont vu convoquer des élections législatives anticipées qui, à un moment donné, ont fait naître la perspective d’une victoire de l’extrême droite et de la formation d’un nouveau gouvernement.
Cela ne s’est pas concrétisé, mais le pays reste dans une paralysie politique après les élections et le président est généralement perçu comme une figure affaiblie, avec encore trois ans de mandat à courir.
« Merci à Thomas Jolly et à son génie créatif pour cette cérémonie grandiose. Merci aux artistes pour ce moment unique et magique. Merci aux forces de l’ordre et aux secours, aux agents et aux bénévoles », a écrit Macron dans un message inhabituellement triomphant sur X.
« Merci à tous ceux qui y ont cru. On en parlera encore dans 100 ans ! On l’a fait ! »
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a ajouté : « Nous l’avons fait ! Après quatre ans de travail intense pour préparer le plus grand événement sportif du monde, nous n’avons jamais été aussi fiers de nos forces de sécurité. »
L’eurodéputée d’extrême droite Marion Maréchal a déclaré sur X qu’elle était obligée de « chercher désespérément à célébrer les valeurs du sport et la beauté de la France au milieu d’une propagande woke aussi grossière ».
« On ne peut pas se tromper »
Certains spectateurs étaient frustrés par la pluie et la foule qui obscurcissait la vue, mais le concept de Jolly semblait avant tout destiné aux millions de téléspectateurs du monde entier qui regardaient le match à la télévision.
Le film a également joué avec brio sur les thèmes de la culture et de l’histoire françaises, mais avec une touche de modernité et une pléthore de blagues pour ceux qui voulaient les découvrir. Jolly a également célébré la diversité de la France moderne, en mettant en avant des artistes d’origine immigrée.
« La cérémonie d’ouverture, c’est vraiment le moment où on ne peut pas se tromper. C’est un pari réussi », explique à l’AFP Philippe Moreau Chevrolet, spécialiste en communication.
« Il (Macron) a très bien réussi son opération de communication pour le pays et pour lui-même : c’est un moment de rassemblement pour la nation… et il n’en a pas eu beaucoup en sept ans de pouvoir. »
(AFP)
