Chaque jour qui passe réduit encore davantage le temps disponible pour adopter le budget de 2025, et les choses se corsent pour « le Parlement », déclare Christian Eckert sur franceinfo.
Selon Christian Eckert, ancien rapporteur général du budget à l’Assemblée nationale puis secrétaire d’État chargé du Budget sous François Hollande, le Parlement « se verra limité dans certaines demandes » alors que le délai pour voter le budget 2025 s’amenuise, comme il l’a analysé sur franceinfo vendredi 30 août. « Le gouvernement, peu importe lequel, disposera d’un avantage certain face au Parlement », soutient Christian Eckert.
Éric Coquerel (LFI) et Charles de Courson (Liot), respectivement président et rapporteur général de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, ont envoyé vendredi une lettre à Thomas Cazenave, le ministre démissionnaire des Comptes publics, pour obtenir « des documents » pertinents pour les budgets 2024 et 2025. En cas de non-réponse d’ici lundi, Éric Coquerel a averti qu’ils engageront « une investigation sur pièce et sur place ».
Christian Eckert dit « comprendre et soutenir l’initiative » d’Éric Coquerel et de Charles de Courson « qui disposent de ce droit ». Ayant occupé le poste de secrétaire d’État à Bercy, il se rappelle avoir reçu des « demandes de réunions » ou des « approfondissements sur certains sujets », mais il n’a jamais vu les responsables de la commission des Finances à l’Assemblée nationale obligés de forcer l’accès au ministère de l’Économie. « J’espère sincèrement qu’ils seront entendus et qu’il ne sera pas nécessaire d’aller jusque-là. »
« Moins de temps pour étudier le budget futur »
Christian Eckert met en avant la difficulté que le Parlement rencontre face au gouvernement. « Il y a toujours eu un déséquilibre », rappelle celui qui a œuvré des deux côtés, à Bercy et à l’Assemblée nationale. « Le Parlement compte sur quelques administrateurs » sans comparaison possible avec « l’armada de hauts fonctionnaires de Bercy » qui détiennent en outre « toutes les informations financières et démographiques ».
Sans gouvernement en place, les députés et sénateurs « auront encore moins de temps » pour examiner et voter le futur budget. « Cela compliquera davantage les choses pour les parlementaires » qui souhaiteraient mettre en place « des réformes désireuses ». Christian Eckert cite notamment « l’article 40 dont nombreux ignorent l’existence, qui empêchera les parlementaires de majorer ou d’augmenter certaines dépenses légitimes à leurs yeux. »
Ainsi, pour Christian Eckert, il est « totalement anormal » que la commission des Finances se réunisse à la rentrée sans un minimum de base de travail. De même que « se retrouver sans connaître les détails, ou au moins une synthèse des décisions budgétaires, que le gouvernement s’apprête à proposer ». Une situation « complètement anormale », commente l’ancien rapporteur général du budget de l’Assemblée nationale, qui met en cause la responsabilité d’Emmanuel Macron : « Le président de la République ne pouvait pas l’ignorer. Il a été ministre, il a été secrétaire général adjoint du cabinet du président de la République. Il connaît les implications de ces démarches, déployées dans un cadre temporel spécifique. »