Le célèbre calendrier Pirelli, réputé pour ses photographies de mannequins souvent très peu vêtus, avait choisi de couvrir ses modèles en réponse au mouvement MeToo. Cependant, il a décidé de revenir de façon ouverte à une esthétique mettant en avant la nudité sensuelle.
Le calendrier Pirelli a été créé par le fabricant de pneus Pirelli durant les années 1960. Initialement, cet article était destiné à être offert à des clients importants en éditions restreintes. Au fil des décennies, il a acquis un statut emblématique, célèbre pour ses photographies mettant en scène des femmes, mannequins et actrices, souvent dénudées et fortement sexualisées.
Réflexion sur « un certain désir masculin » dans le cadre du mouvement MeToo
Dans le contexte du mouvement MeToo, Pirelli fait face à des critiques concernant son calendrier aux poses suggestives, avec des modèles généralement jeunes, minces et blonds, souvent avec des regards aguicheurs. La marque ne souhaite plus être perçue uniquement comme le symbole d’un « certain désir masculin ». Ainsi, en 2016, une évolution significative s’opère. Terminé les poses provocantes, les femmes en tenues suggestives sur un vélo avec des accessoires en latex. À la place, nous découvrons le travail d’Annie Leibovitz, photographe américaine, qui opte pour des images en noir et blanc présentant des corps, le plus souvent habillés. Les clichés qui exposent beaucoup de peau le font désormais pour révéler autre chose, comme le physique musclé et imposant de Serena Williams ou des corps avec des courbes. En 2017, Peter Lindbergh immortalise des portraits de Julianne Moore et Nicole Kidman, vêtues de débardeurs et de vestes. De nombreux portraits non maquillés donnent une vision différente de la femme et de sa sensualité.
Pour l’année 2025, Pirelli annonce un retour à des thèmes tels que le « nu » et le « sexy ». Ce sont les termes utilisés par le photographe sélectionné pour cette édition, Ethan James Green, un ancien mannequin dans la trentaine, dont le travail explore la notion d’identité et de sexualité. « Quand ils m’ont contacté, raconte-t-il à des journalistes présents lors d’une séance photo sur une île en Floride, j’ai tout de suite su : ‘Si je fais Pirelli, je veux réellement m’impliquer dans Pirelli’. »
Stratégie de communication autour d’un nu « élégant » et « maîtrisé »
Il propose une vision « classique », mélangeant le « sexy » avec des robes transparentes et des maillots de bain très réduits : une approche de la « sensualité », précise-t-il, tout en évitant la vulgarité, en favorisant « l’élégance ». « MeToo a vraiment poussé chacun à réfléchir, ce qui est très positif », déclare-t-il dans le Guardian. Toutefois, il affirme que « c’est maintenant le moment pour les célébrités de se dévoiler », tout en s’assurant que les modèles ont un contrôle total sur ce qu’ils choisissent de montrer. Ces modèles incluent les acteurs de franchises telles que Star Wars ou La Chronique des Bridgerton.
Cependant, en scrutant les calendriers des dix dernières années, il est évident que le nu n’a pas complètement disparu, comme en témoignent certaines éditions de 2019 ou 2023. La campagne de Pirelli s’inscrit donc également dans un projet de communication, suggérant que se dévoiler est une forme de pouvoir pour les femmes. L’une des voix représentant cette édition 2025 est Elodie Di Patrizi, une chanteuse romaine qui déclare dans la presse italienne que « nous possédons tous une sensualité. Ce n’est pas quelque chose de malheureux. » Le corps devient ainsi un vecteur d’expression personnelle, une manière de « manifester mes choix », dit-elle. La présentation de ce calendrier devrait avoir lieu d’ici la fin de l’année.